La place
L'auteur: Annie Ernaux (née en 1940) est une auteur française née en Normandie.
Le livre: A la mort de son père, la narratrice se remémore la vie qui a été la sienne, et surtout l'évolution sociale qui a marquée son enfance et sa vie familiale. Dès le début, elle annonce son intention: décrire la vie de son père de la manière la plus froide possible, la plus neutre, la plus blanche. D'ouvrier, ses parents sont devenus commerçants, une première réussite sociale. Pour autant, ils n'ont jamais cessé de "faire attention", au cas où l'argent manquerait. Et très vite, l'écart va se creuser entre ceux qui ont tout fait pour ne pas "faire ouvrier" et celle qui peut aller au lycée, fréquenter la bourgeoisie et abandonner peu à peu son patois natal.
Difficile de résumer ce court roman. Il y a peu à en dire, sinon que cette histoire familiale est très émouvante par sa neutralité même. Bien écrit et facile à lire, il confronte en permanence la vie simple et presque archaïque aujourd'hui des parents, et la point de vue de leur fille, tantôt l'adolescente plongée dans ses livres de l'époque, tantôt la professeure de lettres qui rédige. C'est cette volonté de rester simple à la manière des parents eux-mêmes qui rend l'entreprise autobiographique si touchante: il s'agit moins de se raconter soi-même que de raconter ceux grâce à qui on est devenu ce que l'on est, jusque dans leurs faiblesses contre lesquelles on s'est construit. Ce roman a obtenu le prix Renaudot en 1984, et pour une fois, j'approuve.
Ici, retrouvez l'avis de Clara, qui parle d'"un livre intemporel".