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Ma bouquinerie
7 octobre 2015

Si c'est un homme - Primo Levi

si c'est un homme audio

En 1947, ce livre est le premier publié pour raconter l’expérience des camps de concentration. Primo Levi, résistant, arrêté en 1942, se déclare aux nazis comme “citoyen italien de race juive”. D’abord parqué avec les autres prisonniers, il est rapidement mis dans un train, debout, sans eau, pendant des heures, pour une destination inconnue. C’est alors qu’il découvre le Lager. Le camp de concentration le plus connu, le plus meurtrier. Peu à peu, il apprend comment survivre dans ce gigantesque laboratoire à deshumaniser. Le travail harassant et abrutissant, les interminables séances d’appel, la faim chronique et les humiliations banales… Et surtout, tout ces petits détails, cette chance, ces coincidences, ces miracles qui lui ont permis de survivre pour témoigner.

Ames sensibles s’abstenir, voici une littérature concentrationnaire particulièrement dure et crue. Sans pathos excessif, sans accusation, c’est une analyse du système concentrationnaire quasi médicale qui nous est servie et cela rend les choses presque encore plus insupportable. Il se place volontiers dans une posture d’observateur pour nous décrire un système social, politique, commercial, complètement à part, propre à l’univers concentrationnaire dont on peine à imaginer qu’il a pu exister à nos portes.
Pourtant l’empathie est bien là.
Des envolées philosophiques, poétiques, lyriques ramènent cette part d’humanité que le narrateur cherche à conserver et à retrouver autour de lui. Et s’il décrit volontiers ce qu’il subit lui-même, la lourdeur des charges à porter, les pieds trempés et blessés, jamais il ne se pose en héros ou en exemple, et l’on ne peut douter qu’il doit sa survie à une série de circonstances insolemment chanceuse: son jeune âge, ses compétences de chimiste, l’aide d’un civil, jusqu’à sa présence à l’infirmerie au moment pile de l’évacuation du camp.
La lecture de Raphaël Enthoven, toute en sensibilité et en sobriété, accompagne parfaitement cette histoire à la fois poignante et noble. Il est difficile de ne pas surinvestir une lecture aussi chargée et il s’en sort à merveille. Ecoutez un extrait sur la fiche de l’ouvrage sur le site Audiolib.

La note de Mélu:

 

Note 5

 

 

Un grand témoignage.

Un mot sur l’’auteur : Primo Lévi ne devient écrivain qu’à son retour des camps de concentrations allemands, en 1947.

Titre original: Se questo è un uomo (traduit de l'italien). 

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Commentaires
M
Levy, comme Semprun (pour rejoindre Magali aussi !) sont deux auteurs qui me semblent incontournables sur ces sujets de la guerre...
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R
Clairement pas une lecture pour moi, du moins pas en ce moment, même si j'ai conscience qu'elle fait partie de ces lectures qu'il faut tenter...<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, rien à voir ou presque, je te refile une patate chaude : http://plumes-sauvages.blogspot.fr/2015/10/blogger-recognition-award-vos-souhaits.html<br /> <br /> Non non, ne me remercie pas ^^ (en même temps, rien ne t'oblige à prendre le relai)
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E
Oui, le poème est dans le livre. Juste après la préface, dans l'édition Pocket.
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M
Le poème est dans le livre? C'est possible, simplement je ne m'en rappelais pas. En tout cas, il nous rappelle que ces écrivains ont réussi à transcender l'horreur par l'art.
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E
Vous qui vivez en toute quiétude<br /> Bien au chaud dans vos maisons,<br /> Vous qui trouvez le soir en rentrant<br /> La table mise et des visages amis,<br /> Considérez si c'est un homme<br /> Que celui qui peine dans la boue,<br /> Qui ne connaît pas de repos,<br /> Qui se bat pour un quignon de pain,<br /> Qui meurt pour un oui pour un non.<br /> Considérez si c'est une femme<br /> Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux<br /> Et jusqu'à la force de se souvenir,<br /> Les yeux vides et le sein froid<br /> Comme une grenouille en hiver.<br /> N'OUBLIEZ PAS QUE CELA FUT,<br /> Non, ne l'oubliez pas :<br /> Gravez ces mots dans votre coeur.<br /> Pensez-y chez vous, dans la rue,<br /> En vous couchant, en vous levant;<br /> Répétez-les à vos enfants.<br /> Ou que votre maison s'écroule,<br /> Que la maladie vous accable,<br /> Que vos enfants se détournent de vous. <br /> <br /> Magnifique ! Magnifique poème qui me tire des larmes, magnifique prose qui me fait frissonner tant l'horreur y est réelle !
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