Le pacte des vierges
L'auteur: Vanessa Schneider (née en 1969) est une journaliste française, qui travaille notamment pour Le Monde.
Le livre: Gloucester, Etats-Unis, dans un lycée, le scandale éclate. De nombreuses jeunes filles de quinze ou seize ans sont enceintes. C'est l'infirmière qui a donné l'alerte: elle n'a cessé de distriber des tests de grossesse. Dix-sept grossesses en tout. Trop gros pour être un hasard. La rumeur parle même d'un pacte, passé entre les jeunes filles. Parmi tous les media qui s'intéressent à cette histoire incroyable, une journaliste parvient à faire parler quatre de ces jeunes filles, sur le point d'accoucher. Kylie, qui vit toute seule avec sa mère, qui enchaîne le concours de beauté depuis sa petite enfance. Sue, pourtant issue d'une famille très chrétienne prête à tout pour connaître l'identité du père du bébé. Cindy, seule du groupe à avoir un petit ami, et qui vit chez sa tante depuis qu'elle est sortie du foyer. Et Lana, elle aussi sorti de ce même foyer, forte, déterminée, et visiblement la meneuse du groupe.
Le ton est donné: ce sont quatre discours qui s'intercalent, quatre discours d'adolescentes, avec leur fraîcheur, leur pudeur, leur langage, leur timidité et leur côté sauvage aussi. Ce livre se lit donc vite et avec fluidité. Et très vite, la personnalité de Lana se détache. Les autres semble essayer avec maladresse et une certaine crainte de chercher tantôt réconfort, tantôt reconnaissance chez la journaliste. Mais Lana, elle, a l'idée, a un endroit pour rassembler les filles, a des projets pour les bébés, n'a pas besoin du papa, a même un plan pour ne pas manquer d'argent quand il faudra s'occuper des enfants. Et même si elles le nient, il est facile de comprendre à quel point chacune de ces filles est sous l'influence à la fois forte et protectrice de Lana, comment chacune d'elle est fragilisée et vénère ce point d'ancrage, comment Lana elle-même mise sur ce groupe dont elle a besoin autant qu'elle le fédère. Et si l'on est poussé à la lecture par le même désir malsain de savoir ce qui a pu passer par la tête de ces filles et quel pacte elles ont bien pu passer et pourquoi, si on voudrait s'empresser de coller sur elle l'étiquette de secte, on ne peut s'empêcher de les comprendre, une par une, de les adopter, de s'y attacher, y compris Lana, bienveillante et protectrice mais jamais menaçante...
La note de Mélu:
Un roman moins sulfureux qu'il n'y paraît et bien plus touchant que prévu.
Un grand merci à Rémi Gonseau et à qui m'a envoyé Le Pacte des Vierges dans le cadre du Match de la rentrée littéraire.