Gatsby le magnifique – Francis Scott Fitzgerald
L’auteur: j’ai croisé Francis Scott Fitzgerald il y a quelques temps. Je suis ravie de découvrir ici son roman le plus célèbre.
Le livre: Nick est un trentenaire assez aisé qui s’installe à Long Island, précisément dans West Egg, un quartier du bord de mer. De l’autre côté du détroit, il aperçoit la maison de sa cousine Daisy, qui y vit avec son mari Tom. Un jour qu’il y est invité à dîner, il s’aperçoit que Daisy s’ennuie auprès d’un mari obtus et bourru. Pour couronner le tout, la maîtresse de Tom ne cesse d’appeler, et même s’ils font semblant de rien, Daisy semble loin de l’ignorer. L’ambiance est tendue, mais Nick se rapproche de Jordan Baker, qui s’étonne qu’il ne connaisse pas Gatsby, qui vit pourtant à West Egg dans la luxueuse maison voisine de la sienne, et qui donne régulièrement des réceptions somptueuses et ouvertes à tous. Nick en est d’autant plus surpris de recevoir une invitation très officielle: il va enfin rencontrer ce mystérieux Gatsby.
J’ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, à cerner les personnages, à comprendre de quoi on parlait. Il est difficile de savoir comment appréhender cette société blasée et riche dans la mesure où le narrateur en fait lui-même partie. L’écriture est donc assez détachée, alors que les personnages sont, quant on y réfléchit, volontiers révoltants par leur manière de tromper leur conjoint ou de s’inviter dans une fête pour y boire jusqu’à perdre conscience sans même rencontrer le maître des lieux ni se soucier de qui les reçoit. Du coup, lorsqu’on les lit, on a du mal à savoir s’il faut en rire ou en pleurer. L’expérience est plus qu’intéressante! Et une fois que l’on a abandonné l’idée d’essayer de les comprendre, on se met à attendre que Gatsby apparaisse, le Gatsby dont tout le monde parle mais dont personne ne sait rien, si riche et si mystérieux, si prodigue et si secret. On raconte qu’il a tué un homme, qu’il est allée à Oxford, qu’il doit sa fortune à toutes sortes de magouilles… Il laisse dire et fait couler le champagne. Mais visiblement, il a à coeur de se rapprocher de Nick. Et par son intermédiaire, de Daisy. Connaîtrait-il Daisy? Aurait-elle un lien avec cette richesse qu’il étale devant la mer et qu’elle peut certainement voir de l’autre côté du détroit? Je ne vous en dit pas plus: l’intérêt de cette histoire repose aussi sur la spirale qui tourne autour de Gatsby en s’en rapprochant un peu plus à chaque fois, la découverte par touches progressives de son histoire, de ses intentions et des zones d’ombres qui s'éclairent au milieu de ces festivités artificielles. Le personnage est de ceux qui marquent autant qu’ils intriguent, et je comprends bien mieux pourquoi il est volontiers sorti des pages pour entrer dans la culture populaire.
La note de Mélu:
Un classique de la littérature américaine qui mérite son succès.
Un immense merci à Karine de et à Lise des éditions pour ce partenariat auquel je tenais beaucoup et qui ne m’a vraiment pas déçue! De plus, il s’agit d’une nouvelle traduction par Philippe Jawoski, dans une édition anniversaire recouverte d’une superbe jaquette rose baroque, un objet magnifique. Un grand bravo!
Titre original: The Great Gatsby (traduit de l’américain)
Le film: après la célèbre interprétation de Robert Redford dans les années 1970, la version 2013 de Gastby proposé par Baz Luhrmann était très attendue au tournant. Il faut dire que le casting très fashion et glamour avait de quoi promettre.
Disons-le tout net: Leonardo DiCaprio est magnifique, il arrive à être séduisant et attachant, il alterne entre le mystérieux dandy et le petit garçon attendrissant. La réputation de cet acteur n'est pas usurpée et il camperait un Gatsby tout à fait convaincant si ce n'est deux petits points qui tiennent davantage à la qualité de l'adaptation qu'à celle du film. D'abord, je n'ai que peu cru à son couple avec Carey Mulligan, qui incarne Daisy. J'ai eu l'impression qu'on cherchait à vieillir DiCpario, histoire de lui donner une attitude moins minet, alors que l'actrice reste dans son rôle de jeune première. Le fossé m'a paru se maintenir entre eux. Ensuite, j'ai trouvé qu'il n'était peut-être pas judicieux de choisir un monstre du cinéma comme DiCaprio pour jouer un personnage aussi insaisissable que Gatsby: tout l'intérêt sur l'identité du personnage, qui fait le sel de l'histoire, est bien difficile à maintenir quand une personnalité aussi écrasante est attendue dès la première seconde du film.
Mais cela passé, le film reste un bon film. J'ai beaucoup aimé les images des fêtes de Gatsby, même si j'aurais attendu plus encore de débauche festive, visuelle et tourbillonnante jusqu'aux moindres détails. Ceci dit, les costumes, les danses, les paillettes, le champagne, même si c'est court, on en prend déjà plein les yeux et la promesse d'un film sur les années folles est largement tenue. La bande-son est également un régal, puisqu'on retrouve avec plaisir des chansons de Beyoncé ou de Amy Winehouse à la sauce vintage, le mélange entre modernité et raffinement surrané est subtil et réussi et l'on retrouve aussi sur la bande-son Lana Del Rey, Emeli Sandé ou Gotye: on a vraiment l'impression de plonger dans la soirée hype de l'époque. L'ambiance est là, tant dans l'excès de débauche que dans l'excès de romantisme: j'ai souri avec tendresse en voyant un Gastby nerveux au possible remplir de fleurs la maison de Nick en préparant la venue de Daisy, et j'ai frémi devant les courses-poursuites en voiture d'époque qui ne sont pas sans rappeler quelques épisodes des fous du volant dans leur démesure.
Le point qui peut surprendre sur ce film est son recours à la 3D, rare pour une comédie dramatique. Pour le coup, j'ai adoré. Paillettes et tourbillons passent devant nos yeux pour nous plonger dans cette ambiance, et pour une fois, j'ai eu réellement l'impression que le réalisateur utilisait la 3D comme un vrai plus, non pour en mettre plein la vue, mais pour apporter un sens ou une émotion à la scène: lorsque Nick écrit ses souvenirs sur Gastby, les mots se détachent de l'écran et viennent danser devant les yeux du spectateur. Pour une fois, on donne du sens à cet effet visuel, et j'adhère.