L'Etrange histoire de Benjamin Button - Francis Scott Fitzgerald
L'auteur: Francis Scott Fitzgerald (1896-1940) est un romancier américain qui s'est lancé dans son premier roman pour conquérir sa future épouse, Zelda.
Le livre: La venue au monde de Benjamin Button fait grand bruit: en effet, ce n'est pas un bébé qui se trouve dans le berceau, mais un vieillard de soixante-dix ans. Son père est horrifié, l'hôpital veut s'en débarrasser au plus vite. Mais les faits son là: au fur et à mesure du temps qui passe, Benjamin Button devient plus vigoureux, plus jeune. C'est ainsi qu'il séduit son épouse, qui aime les hommes murs. Mais Benjamin ne cesse de rajeunir, et lorsque sa femme aime la tranquillité de son intérieur, lui recherche les sorties et les mondanités. De plus en plus isolé et incompris, Benjamin Button continue de rajeunir.
J'avais hâte de découvrir cette nouvelle qui a inspiré le film, que je n'ai pas vu. J'ai plutôt apprécié cette lecture: le ton est à la fois léger comme le veut une histoire invraisemblable et grave devant ce personnage perpétuellement en marge (pour ne pas dire à rebours) des siens. Même si je ne vois pas bien quel peut être le sens d'une telle histoire, je l'ai lu un peu comme un conte philosophique, une sorte d'expérience, une variation sur l'utopie (qui n'aimerait pas, à un moment de sa vie, inverser la marche inexorable du temps vers la vieillesse?). Un bon moment de divertissement, sur le mode du "pourquoi pas".
Lylou et Cynthia l'ont lu après avoir vu le film et ont été assez déçues. Il apparaît que l'oeuvre cinématographique a dû être nettement plus travaillée. En ce qui me concerne, j'ai été ravie de découvrir ce texte. Et on dit merci qui? Merci Latite, qui m'a échangé ce livre!
Titre original: The Curious case of Benjamin Button (traduit de l'anglais).
Le film: en 2009, c'est David Fincher qui propose une adaptation de cette nouvelle. Mais autour du livre, c'est toute une histoire de A à Z qu'il a inventé. Reprenons donc: Daisy Williams (Cate Blanchett) est une vieille femme sur son lit de mort. A son chevet, sa fille Caroline (Julia Ormond) accepte de lui faire la lecture d'un carnet, sorte de journal, écrit par un certain Benjamin Button. Lorsqu'il naît, sa mère meurt en couche et son père, effrayé par l'aspect de l'enfant, l'abandonne: il faut dire que le nourrisson est ridé comme un vieillard, a de l'arthrose et de rares cheveux blancs. L'enfant est recueilli par Queenie, une femme noire qui travaille dans un hospice. Là, Benjamin Button (Brad Pitt) commence sa vie au milieu des vieillards. Il y rencontre Daisy, âgée de six ans, qui rend visite à sa grand-mère. Dès lors, ils ne vont cesser de se perdre de vue et de se retrouver, alors que Benjamin rajeunit peu à peu et que Daisy vieillit. Je vous l'avoue: le film m'a semblé long. La vie de Benjamin Button est racontée avec de nombreux détails, et il faut quand même prendre patience. Pour le reste, les acteurs sont très convaincants, Cate Blanchett surtout. Le film va au bout de sa logique, et visuellement, le résultat est époustouflant de réalisme: les acteurs vieillissent et rajeunissent sous nos yeux avec un naturel épatant. Tous plus attachants les uns que les autres, les personnages sont le vrai point fort. Celui de Benjamin Button, dont la psychologie est bien plus travaillée que dans la nouvelle évidemment, n'est pas en reste: j'ai tout particulièrement aimé les scènes de beuverie ou les rencontres avec les prostituées, lorsque l'homme à l'apparence de cinquante ans agit comme s'il en avait seize. Néanmoins, l'orientation de l'histoire a été changée: constatant sa différence, c'est Benjamin lui-même qui se met en marge, pour protéger ceux qu'il aime, alors que dans le livre, toute la bonne volonté du protagoniste ne suffit pas à lui épargner l'incompréhension et le rejet de ses proches. Le livre est plus cynique, le film plus touchant, et il faut le dire, le public n'est pas le même non plus. Cependant, j'ai aimé ce film, réussi malgré sa grande liberté prise à l'égard du livre.
A noter que ce film a obtenu trois Oscars: meilleure direction artistique, meilleurs effets visuels et meilleur maquillage.