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Ma bouquinerie
12 juillet 2010

Les Diaboliques

les_diaboliquesL'auteur: Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889) est, à l'instar de Villiers de l'Isle-Adam, un aristocrate perdu dans un siècle bourgeois, élevé dans un monarchisme intransigeant. Dandy jusqu'au bout des gants, son oeuvre, volontiers décadente, est marqué par le péché et particulièrement le péché féminin.

Le livre: Six longues nouvelles composent ce recueil. Au centre de chacune d'elle, une femme mystérieusement tentatrice et indéchiffrable.
Dans Le Rideau Cramoisi, un jeune soldat de dix-sept ans est hébergé chez un couple de bourgeois lorsque revient de pension Albertine, la fille de ceux-ci. Impassible, silencieuse, archiduchesse au-dessus de ce monde, elle va pourtant un soir, l'air de rien, lui prendre la main sous la table. Le jeune homme s'enflamme, en perd le sommeil, sa vie devient un affut, mais Albertine reprend son impassibilité.
Dans Le Bonheur dans le crime, le comte et la comtesse de Savigny attirent l'attention au Jardin des Plantes par leur attitude provocatrice devant la cage de la panthère. Un spectateur nous livre alors leur histoire: beaux, forts, parfaits, les deux jeunes gens étaient tombé amoureux, mais le comte avait déjà engagé un mariage. Qu'à cela ne tienne: ils imaginent un stratagème pour vivre leur amour heureux, même s'ils doivent aller jusqu'au crime.
Dans La vengeance d'une femme, un homme suit une prostituée exceptionnellement belle, et dont le visage lui semble familier. Une fois l'acte consommé, celle-ci se révèle: il s'agit de la comtesse de Sierra-Leone, qu'il avait bel et bien rencontré auparavant, et qui se livre à la prostitution pour traîner dans la boue le nom de son mari, par vengeance. On y découvrira aussi, dans Le plus bel amour de Don Juan, comment l'amour d'une mère pour un libertin peut déranger l'esprit de sa fille; dans Les dessous d'une partie de Whist, comment une liaison hypocrite et silencieuse peut entraîner trois cadavres; et dans A un dîner d'athées, le pourquoi de l'impensable acte pieux d'un athée libertin convaincu.
De factures inégales, ces nouvelles souffrent d'une certaine lourdeur dans le style typique de l'écriture décadente: l'auteur se sent obligé de nous expliquer en précision le contexte et le caractère de chaque personnage, à grand renfort d'anecdotes, afin que nous puissions bien comprendre la transformation qui s'opèrent et les enjeux de celle-ci lorsque le récit arrive à son acmé. J'avoue avoir sauté quelques pages. Mais j'avoue aussi avoir tremblé, avoir dévoré les pages de ces récits. Car si cette prolixité langagière, extrêmement poétique, peut lasser lorsqu'elle empêche de rentrer réellement dans le récit, elle le sublime lorsqu'elle revient au moment où celui-ci est le plus intense, jouant à la fois sur l'horrible raffinement de ces histoires et sur le mystère qu'elles entretiennent: ainsi l'histoire d'Albertine m'a tenue en haleine, suspendue au moindre mot tant elle est mystérieuse et envoûtante. L'histoire de la comtesse de Sierra-Leone m'a beaucoup touché. Chacune de ces nouvelles opère un mélange entre la vertu, l'innocence, la noblesse, la beauté d'une part, et le vice, la fange, l'hypocrisie d'autre part. On est dans le décadent pur, la tension perpétuelle entre spleen et idéal, et décidément, j'aime, j'aime, j'aime le dix-neuvième siècle!

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Commentaires
M
J'avais lu ce livre à la fac. J'avais beaucoup aimé. je me laisserai certainement tenter pour le relire^^
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M
ohhh il faut que je le relise ! Je me rappelle parfaitement du bonheur dans le crime (horrible) et du rideau cramoisi mais vaguement des autres... Il faut vraiment que je ressorte mon recueil de nouvelles !
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L
Un livre à ressortir de mes étagères!!
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E
Je me souviens de cette lecture, au collège, elle m'avait bouleversée... je ne sais plus vraiment pourquoi. Mais cette lecture m'avait vraiment impressionnée, j'avais beaucoup aimé... du coup, tu me redonnes envie de m'y plonger de nouveau...
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A
j'aime j'aime j'aime aussi le 19e ;))
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