Dimanche au musée n°62: Berthe Morisot
Je suis décidément dans une période féministe de mes Dimanches au musée, puisque me revoici avec une femme peintre. Berthe Morisot (1841-1895) est rattachée à l'impressionnisme et est l'arrière-petite nièce du peintre Fragonard, vous savez, celui du Verrou ou encore de L'escarpolette. Elle a également été la belle-soeur d'Edouard Manet. Un bel entourage, donc. Pour la découvrir un peu plus, voici La Psyché (cliquez sur l'image pour la voir en plus grand et meilleure qualité)
Une jeune femme debout devant un miroir. La psyché, c'est précisément cette grande glace qui permet de se voir en entier. De la chambre dans laquelle elle se trouve, on ne voit qu'un canapé, une tenture, la moquette rouge, mais on devine une grande douceur, un confort, quelque chose de cosy. La jeune femme porte un jupon, des mules, un corsage qui tombe sur son épaule: elle est clairement en sous-vêtements, surprise dans sa toilette. Pour le dix-neuvième siècle, il faut imaginer qu'elle est là dans une tenue tout à fait indécente! Derrière l'impression brumeuse et aérienne du flou et des froufrou se dessine une intimité qui n'est pas dénuée d'érotisme, suggérée très explicitement par l'épaule dénudée et la rondeur du bras, qui se dessinent justement très nettement, tournés vers le spectateur et qui accrochent la lumière. Et pour couronner le tout, que fait la jeune fille? Main sur la hanche, tête penchée, à moitié tournée, elle parade, elle minaude, elle s'observe: le regard qu'elle jette sur elle-même oscille entre examen minutieux et vanité coquette. Double vanité: sans spectateur, cette jeune fille est une véritable incarnation du narcissisme, abîmée dans sa propre contemplation, en en geste pourtant tellement naturel, entre allégorie et réalisme quotidien. Quant au reflet, pourtant à peine esquissé et dont on n'aperçoit qu'une partie, si vous regardez bien, c'est un reflet impossible: alors que la jeune fille est de profil, le reflet vous regarde droit dans les yeux!
Qu'en pensez-vous?