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Ma bouquinerie
30 janvier 2011

Dimanche au musée n°34: Fragonard

Encore un revenant! Ce brave Fragonard a caché tellement de polissonneries et de pitreries dans ses toiles que je me fais un plaisir de m'y replonger. Voici un autre de ses célèbres tableaux, Les Heureux Hasards de l'Escarpolette.

Fragonard___les_heureux_hasards_de_l_escarpolette

La scène semble tiré d'une miniature toute rococo, avec ses perruques poudrées, ses personnages joufflues, ses statues de petits angelots. Commençons par le commencement. L'escarpolette, c'est précisément ce que nous appelons la balançoire, jeu fort populaire au XVIIIème siècle parce que propice aux badineries. Une jeune fille est en plein jeu, trop délicatement accrochée aux cordes pour la violence avec laquelle l'escarpolette semble se balancer: le mouvement des jupes ne trompe pas, sans parler de la chaussure droite qui s'envole littéralement. Derrière elle, c'est un prêtre qui met en mouvement le jeu.Et devant, judicieusement placé, voici un galant qui rit de voir que ce jeu lui offre un spectacle d'une toute autre nature. Voilà où est le heureux hasard: l'escarpolette est un jeu mutin, et Fragonard se plait en jouer sur les différents degrés de cet érotisme en y ajoutant un prêtre et ses statues d'angelots poupins dont l'un, le doigt sur la bouche pour signifier le secret, offre un délicieux contraste avec la joie à peine contenue du jeune homme affalé à ses pieds. De droite à gauche, autour de la jeune fille, se crée donc une gradation de personnage, du prêtre au libertin, de la chasteté à la luxure.

L'anecdote de ce tableau vaut aussi son pesant de cacahuète: le Baron de Saint-Julien, receveur général des biens du clergé, aurait demandé au peintre de représenter sa maîtresse sur une escarpolette poussée par un évêque et de le placer  lui-même dans le tableau de façon à ce qu'il puisse voir ses jambes (et plus si affinité) dans le mouvement. Une autre version (entendue dans l'émission D'Art D'art) raconte que ce serait un prêtre, amoureux platonique d'une charmante jeune fille, qui aurait suggéré au peintre de faire cette peinture pour incarner un amour qui ne pourrait jamais se réaliser, et que l'amant de la jeune fille se serait fait rajouter ensuite sur le tableau pour jouer un bon tour à cet impudent religieux. Même si la seconde version est fausse, je la trouve bien plaisante et toutes deux reflètent bien le mélange de provocation et de jeu de cette toile.

Alors? Vous aimez?

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Commentaires
A
j'aime :)
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L
Ouiiiiii, j'aime beaucoup !!
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