Le Tueur de l'Ombre

15 avril 2011

L'auteur: Claire Favan (35 ans) est une mère de famille parisienne qui travaille dans la finance.

Le livre: Will Edwards, le tueur en série surnommé le Mystificateur, s'est évadé. Les regards se tournent alors vers RJ Scanlon, le profiler du FBI qui l'a fait arrêter. Nul doute qu'Edwards va tenter de se venger. Scanlon craint surtout pour Samantha, son épouse, qui n'est autre que l'ex-femme du tueur. Pendant quelques temps, aucune nouvelle d'Edwards. Mais les meurtres finissent par reprendre. Aucun doute possible: il s'agit bien d'Edwards. Et pourtant, de subtiles différences apparaissent. Des différences qui laissent penser qu'Edwards n'agit plus seul, mais surtout qui adressent des messages très menaçants à l'attention de Scanlon.

Le flic qui épouse l'ex-femme du tueur... "Bonjour, je suis un cliché, j'arrive avec mes gros sabots..." Ouais, même pour un roman, même pour un polar cousu de fil blanc, ça fait quand même gros. C'est ce que je me suis dit en ouvrant ce livre. Parce que rappelons-le, je n'aime pas les polars. Ici, l'originalité première tient dans le fait que le tueur est aussi un héros de l'histoire. Edwards pourrait presque être un personnage comme les autres lorsque le fourgon blindé qui le transporte saute et qu'il est enlevé comme une vulgaire victime (lui qui viole et éviscère des femmes, rappelons-le). Séquestré et manipulé, il devient une petite marionnette entre les mains d'un agresseur plus cruel encore que lui. Bingo: Claire Favan est experte dans l'art de l'empathie, et l'on en arrive presque (presque!) à éprouver de la pitié pour le tueur lui-même. Bien joué. Parce qu'il faut l'avouer, l'intrigue se traîne un peu. Oui, Scanlon le profiler du FBI ("Bonjour, c'est moi le cliché, je reviens avec mes gros sabots...") a compris qu'Edwards n'agissait plus seul, mais ça nous fait une belle jambe puisque le chapitre précédent, justement raconté du point de vue d'Edwards, nous l'avait déjà dit. A ce titre, la moitié du roman ne sert plus à grand-chose, et j'en étais presque à sauter les pages "Scanlon enquête"pour me concentrer sur du plus subtantiel. Car si le côté policier m'a lassé, les personnages m'ont par contre scotchée. D'abord Edwards (victime? manipulateur?), puis Samantha (complice? victime? faible femme? tueuse potentielle?), tous sont extrêmement bien ficelés et c'est essentiellement sur eux que repose tout l'intérêt du roman. Tous sauf... Scanlon, encore une fois, qui en plus d'être un flic cliché est un pauvre type, et qui n'a décidément rien pour lui. Aux deux tiers du roman, deux beaux coups de théâtre successifs relancent une intrigue qui a enfin fini de jouer au chat et la souris avec un lecteur que l'enquête n'intéresse pas plus que ça, et la fin se lit avec fluidité et presque avidité. J'ai néanmoins regretté une débauche d'horreur qui n'était peut-être pas justifiée, mais bon, j'imagine que quand on lit un thriller, on vient chercher sa dose de sang et de viscère, pour ne pas dire de vice tout court.

Finalement, ce n'est pas un mauvais livre. Je dirai même que pour une intrigue à demi-inutile, le talent d'écriture m'a plutôt séduite.

La Note de Mélu:

Note_3