Dimanche au musée n°45: Caspar Friedrich
Cette semaine, un tableau très connu dont j'avais envie de parler depuis longtemps. Il est signé Caspar David Frierich (1774-1840), un peintre allemand. Voici le Voyageur contemplant une mer de nuages.
Un homme, de dos, sur un rocher. Du voyageur, il a l'habit, la canne. Devant lui, une mer de nuage, parfois percée de pics rocheux. Cet homme est visiblement sur une falaise. Au loin, un horizon embrumé, avec une lumière diffuse, comme si le soleil se levait, ou se couchait. Le personnage sur ce tableau m'a toujours fasciné. Un pied en avant dans une attitude conquérante, surplombant les nuages comme sur un piédestale, il semble dominant, supérieur, contemplant le monde d'en haut. Mais cette mer de nuage et ces rochers escarpés donne aussi une impression de désolation. Les nuages ressemblent à une écume d'une véritable mer dont les vagues déchaînées viennent s'écraser sur les rochers. Peu accueillante voire hostile, cette nature renforce l'impression d'une grande solitude. Seul au monde, voici ce qu'évoque ce tableau. Entre mélancolie et domination, déchaînement intérieur métaphorique et immobilisme du paysage, ce tableau multiplie les impressions contradictoires et c'est en cela qu'il me fascine. Le paysage vers lequel je me penche avec le personnage, cette vue unique qu'on ne peut apercevoir que depuis un pic rocher au milieu de nulle part, est pour moi l'idée même de sublime: à la fois splendide et terrifiant.
Qu'en pensez-vous?