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Ma bouquinerie
5 février 2011

Les Héroïdes

h_roidesL'auteur: Ovide (43 avant J.-C. - 17 après J.-C.) est un poète latin qui a vécu sous Auguste, premier empereur de Rome. Il se spécialise d'abord dans la poésie amoureuse (dite poésie érotique) avec Les Amours, ou L'Art d'aimer.  Plus tard, il se consacrera aux récits mythologiques avec Les Métamorphoses.

Le livre: dans la mythologie grecque et romaine, force est de constater que les femmes n'ont pas d'histoires bien heureuses. Qu'il s'agisse de Pénélope, dont le mari est maintenu au loin pendant vingt ans, d'Hélène responsable de la guerre de Troie, de Médée répudiée par Jason et prise de folie ou de Didon abandonnée pour ce qui ressemble bien à des raisons d'état, elles sont le plus souvent seules, désespérées par l'absence de celui qu'elles aiment. Quelles lettres auraient-elles donc pu bien écrire à celui qui est loin? Voilà l'objet de ce livre.
La littérature latine m'avait presque manqué. Il faut dire que j'ai été une fervente latiniste pendant mes études. J'ai donc retrouvé avec une sorte de nostalgie (oui je suis maso) cette langue pleine de formules si familières que je maniais moi-même. Je me rappelle d'ailleurs avoir traduit les mots d'Ariane, "oubliée" par Thésée sur l'île où ils se sont arrêtés pour passer la nuit:

"Ce que tu lis, je te l'envoie, Thésée, du rivage d'où les voiles emportèrent sans moi ton vaisseau, du lieu où je fus indignement trahie, et par mon sommeil, et par toi qui en profitas odieusement".

Si vous éprouvez déjà une indigestion d'éloquence, passez votre chemin: toutes les lettres sont sur ce ton. Ce qui m'a d'ailleurs marqué, c'est à quel point le discours amoureux se ressemble: toujours les mêmes formules, toujours la même passion, toujours la même naissance de l'amour, la même tension entre dévouement, suspicion, oubli de soi et reproche. Ovide est d'ailleurs celui qui prétend que parler d'amour, ça s'apprend, il y a des méthodes, des "trucs". Et ce qui est épatant, c'est comment ce discours amoureux identique sur la forme peut cependant changer de sens en fonction du contexte. Car ce livre a surtout été une bonne occasion de réviser et d'approfondir ma mythologie: saviez-vous qu'avant de provoquer une guerre en étant enlevée par Pâris, Hélène de Sparte avait déjà été enlevée par un certain Thésée, jeune et fringant? Que c'est justement ce que lui reproche Oenone, la fiancée du Pâris en question laissée de côté au profit d'Hélène: on ne se fait pas enlever si souvent sans le chercher un peu. Et que dire de Jason, qui a le privilège de recevoir deux lettres, d'abord d'Hypsipyle, sa première épouse qui le met en garde contre une Médée capable d'assassiner ses frères pour suivre un amant, puis par Médée elle-même, répudiée à son tour, qui ne répond plus de ses actes devant une telle réponse à tous les sacrifices qu'elle a fait. Songez donc au sens différent que peut prendre cette simple menace, "je ne réponds plus de moi", dans la bouche d'une Médée ou dans celle d'une Oenone.
J'ai donc passé un bon moment de lecture. J'adore la mythologie et ses amours compliquées dignes d'un soap de bas étage. Et voir Pâris saisir le prétexte de se croire élu divin pour quitter une Oenone aimante et courir enlever une Hélène qui ne veut pas de lui a quelque chose de doucement réjouissant, non?

La Note de Mélu:

Note_4

 

epistolaire
3/4

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Commentaires
N
J'aime inconditionnellement !
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C
Je ne suis pas une grande fan d'Ovide (Les métamorphoses m'ont ... agacée au possible !), mais j'ai adoré son Art d'aimer !
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A
et hop je fais un lien vers ton billet pour le challenge :) ce n'est pas dit que je lise ce livre, mais je suis ravie que tu l'ais aimé !
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Ma bouquinerie
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