Dimanche au musée n°90: Martin Johann Schmidt
Cette semaine, place à un peintre autrichien: Martin Johann Schmidt (1718-1801) est rattaché au mouvement rococo. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est son tableau mythologique, Les Danaïdes:
Rappelons l’histoire. Les frères Danaos et Egyptos, pour éviter les guerres de succession à la mort de leur père Belos, décident de marier les cinquante filles du premier aux cinquante fils du deuxième. Mais Danaos craint ce mariage: contre-nature, peur que les époux ne s’en prennent à ses filles, les versions diffèrent… Il confie donc à ses filles une longue aiguille, afin qu’elles en perce le coeur de leurs mari pendant leur sommeil. Toutes obéissent, sauf une, qui s’enfuie avec son mari. Ainsi, lorsque viendra le jour du jugement d’Hadès aux Enfers, elles seront condamnées à remplir éternellement un tonneau percé.
Et les voilà, dans leur châtiment. Elles sont cinquante, mais le tonneau ne se remplira jamais. Et ce que j’aime dans ce tableau, c’est l’impression de panique, d’urgence, de fouillis. Les Danaïdes s’entassent sur un petit rocher, se baissent pour ramasser l’eau à même le sol vers lequel elle retourne. Elles se marchent dessus, s’enjambent, essayent même le travail à la chaîne, mais rien ne marche. Et elles semblent être si nombreuses: loin, là-bas, vers l’arrière-plan, des têtes de jeunes filles s’étendent à perte de vue. Malgré les chairs roses d’angelots qui s’étalent, ce tableau a vraiment un côté désespéré.
Quant à cet homme, au premier plan, qui est-ce? Peut-être l’incarnation de ce fleuve infernal qui leur redonne encore et toujours la même eau. Peut-être leur père, aussi coupable qu’elles.
Qu’en pensez-vous?