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Ma bouquinerie
25 février 2012

Lectrice buissonnière… a redécouvert Tintin

Grâce à Spielberg, Tintin est revenu sur le devant de la scène en 2011. L’occasion de découvrir qu’il était l’objet d’une passion très sérieuse, très partagée, la tintinophilie, mais aussi que ses aventures qui m’enchantaient étant enfant sont en réalité un véritable cours d’histoire et de géographie sur le vingtième siècle, Hergé étant très en prise sur l’actualité. J’ai donc prix une grande décision: relire tous les Tintin, vingt-quatre albums au passage. C’est parti!

***

image Tintin au pays des Soviets (1930): Tintin est envoyé par Le Petit Vingtième, le journal pour lequel il travaille, pour faire un reportage sur le méconnu système soviétique. Mais les Soviets ne veulent pas qu’on révèle les côtés sombres de leur régime: il faut abattre Tintin. De course-poursuites en fusillades, Tintin s’en sort toujours même s’il accumule les bourdes.
Très visiblement, cet album se compose d’épisodes formés d’une double planche, laquelle se termine inévitablement par un gag ou un coup d’éclat. Le format peut surprendre, le manque de flegme de Tintin aussi: il est encore un personnage peu travaillé. La critique des soviétique qui obtiennent l’unanimité aux votes en braquant leurs fusils sur la foule, est franche et sévère.

imageTintin au Congo (1931): Tintin part faire un reportage dans ce qui est la plus grande colonie africaine de la Belgique. Chasser la girafe, l’éléphant, la gazelle… Que d’aventures! Mais un certain Tom en veut à la vie de Tintin…
Schématique et peu travaillé quant à l’intrigue, cet album met surtout en scène un colon blanc qui découvre l’Afrique, ses étranges animaux et ses peuples volontiers infantilisés. Controversé, aseptisé, cet album est à remettre dans son contexte: Tintin est un reporter sur un pays méconnu qui, à l’époque, est une extension de la Belgique. L’humour n’en est pas absent, les clichés rendent l’ensemble peu sérieux (Tintin s’amuse ainsi à chasser le rhinocéros à la dynamite), ce qui en fait un album drôle mais sans grande profondeur.

imageTintin en Amérique (1932): La bande d’Al Capone, déjà croisée au Congo, sévit dans l’Ouest américain. On envoie donc Tintin pour en savoir plus. Le voici donc habillé à la dernière mode des cow-boys, et Milou est enlevé contre rançon! Rattrapé par les Indiens, il se retrouve encore une fois en mauvaise posture. L’industrialisation avance à grand pas, et les Indiens sont déjà sur le point d’être parqués et spoliés.
Si l’histoire semble une banale querelle entre cow-boys et indiens, le fond devient plus polémique: c’est le pétrole et les diamants sur les terres des indiens que veulent Al Capone, mais aussi les grandes entreprises pétrolières, et l’on n’hésite pas à les voler ou à les mettre dehors pour le récupérer. Le point de vue est assez novateur à l’époque pour être signalé.


imageLes Cigares du Pharaon (1934): Lors d’une croisière, Tintin rencontre le lunatique professeur Siclone qui l’entraine sur les traces du tombeau du pharaon Ki-Osh. Mais le professeur est suivi par une bande de malfrats, qui fâchés par la présence de Tintin tentent de s’en débarrasser. Jusqu’en Inde, Tintin cherche à savoir qui sont ces gens qui portent le sceau du pharaon et à quoi ils se livrent sous couverts de vendre des boites de cigares.
Là commence les heures de gloires des albums de Tintin, puisqu’on s’attaque à du lourd avec le trafic de drogues internationaux qui se passeraient bien de voir un reporter trop curieux mettre le nez dans leur affaires. Plein de mystères et de suspens, cet album nous entraîne au quatre coins du monde depuis les tombeaux égyptiens jusqu’aux palais de maradjah. C’est la première apparition des fameux Dupond et Dupont, mais aussi de personnages récurrents, comme le versatile Rastapopoulos, ou le camelot Oliveira de Figueira. Le lecteur de Tintin a grandi lui aussi, et cet album est un peu plus exigeant. Il sait mélanger l’humour et l’inquiétant, avec le fameux poison qui rend fou et qui amène Siclone à se promener en caleçon dans les bois tout en essayant de poignarder Tintin. Tintin reste un personnage parfait: non seulement il ne rate jamais sa cible une arme à la main, mais il sait aussi inventer un système pour parler aux éléphants. Trop fort!

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Le Lotus bleu (1936): invité du Maradjah en Inde, Tintin reçoit la visite d’un Chinois, mais celui-ci reçoit une fléchette empoisonnée. Il a juste le temps de citer Shanghai et le nom de Mitsuhirato avant de devenir fou. Flairant le message qu’on a voulu lui cacher, Tintin se rend à Shanghai. Mitsuhirato le renvoie alors en Inde pour empêcher un complot contre le Maradjah. Lors de plusieurs tentatives d’assassinat, Tintin est sauvé in extremis par un jeune homme qui disparaît aussitôt. Que se passe-t-il réellement au Lotus Bleu, la fumerie d’opium?
Suite directe du précédent album, celui-ci inaugure l’effet série qu’Hergé reproduira avec d’autres albums. L’affaire prend des proportions internationales plus marquées encore, et Tintin (tout comme nous) met du temps à comprendre de quoi il est réellement question, d’autant plus qu’on l’a fait passer pour un criminel aux yeux d’une police corrompue qui le traque sans relâche. Les sujets d’actualités très graves y sont abordés, comme le racisme des Blancs envers les Chinois lorsqu’ils viennent s’encanailler dans les ruelles de Shanghai, ou la guerre sino-japonaise toute proche. Complexe, sombre, moins drôles que les précédents mais plus envoûtant, cet album fait apparaître le jeune Tchang que Tintin sauve de la noyade, et un personnage qui a marqué mon enfance: le Chinois fou et son “Avez-vous trouvé la voie? Alors je dois vous couper la tête…”

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L’Oreille cassée (1937): dans un musée, une statuette de la tribu amazonienne arumbaya est dérobée, mais restituée dès le lendemain. Mais en scrutant les journaux, Tintin remarque que l’oreille du fétiche est intacte, contrairement à celle volée: c’est donc un faux. Repérant des fétiches identiques, il retrouve le sculpteur, mais celui-ci vient justement de mourir, probablement tué par le voleur qui lui avait commandé une copie du fétiche. Et qui a surement repris la route de l’Amérique du Sud.
En voilà, une histoire à rebondissements! Et pourtant, elle est très facile à suivre. Qu’a de si spécial ce fichu fétiche pour que tout le monde cherche à savoir où est passé l’assassin qui en a fait faire une copie? La critique des systèmes militaires fragiles et en guerre civiles en Amérique du Sud est virulente, puisque suivant lequel du général Alcazar ou du général Tapioca son rival prend le pouvoir, Tintin est fusillé ou gracié toutes les dix minutes. On y voit peu Milou, mais c’est Tintin qui nous surprend à boire un peu trop et à se glisser, suite à des quiproquos, dans toutes sortes de rôles.

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L’Ile noire (1938): en voulant secourir des aviateurs en panne, Tintin remarque que leur avion n’est pas immatriculé et qu’ils ne veulent pas être remarqués. Pourchassé à son tour, accusé à tort de complot pour être traqué par les Dupont, il est recueilli par un vieil anglais qui lui apprend que les malfrats ont trouvé refuge sur l’Ile Noire, dont personne n’est jamais revenu.
Histoire simple: Tintin veut savoir pourquoi on veut le supprimer alors qu’il voulait juste aider (on pense qu’il en a trop vu). Beaucoup de gags: Milou se saoule au Whisky, Tintin sort de l’hôpital comme d’un moulin, cet album a un côté très burlesque, très distrayant. Milou y sauve son maître à de nombreuses reprises, toutes plus spectaculaire les unes que les autres, qu’il s’agisse de jeter sur les bandits une chèvre énervée ou de mettre en fuite leur énorme gorille Ranko. On en oublierait presque que Tintin va encore démanteler un réseau de trafiquants international, comme s’il n’avait que ça à faire de sauver le monde. A noter que dans une période où le nazisme a envahi l’Europe, Hergé a soin de nommer son méchant d’un nom allemand.

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Le sceptre d’Ottokar (1939): par l’intermédiaire d’une sacoche oubliée dans un parc, Tintin rencontre le professeur Halambique, un spécialiste de sceaux qui doit se rendre sous peu en Syldavie étudier le célèbre scpetre d’Ottokar. Mais le professeur est surveillé de près, et très vite, on essaye d’intimider le reporter à coup de bombe pour qu’il reste loin de cette histoire de sceptre. Il embarque alors en qualité de secrétaire du professeur pour la Syldavie. Il découvre alors qu’un complot se trame pour voler le sceptre et forcer le roi à abdiquer.
Encore une fois, Tintin se retrouve embarqué dans une histoire sans qu’il ait rien demandé à la base, il faut croire qu’il a du nez pour rencontrer les personnes qu’il ne faut pas. Là encore, on fait le plein d’action, de course-poursuite, de course contre la montre puisque la couronne est en jeu. Cette fois-ci, c’est carrément deux pays qu’Hergé invente, avec la Syldavie et la Bordurie, deux pays frères ennemis qui se disputent la légitimité de la couronne, et on devine que les conflits politiques et territoriaux des Balkans ont largement inspiré l’auteur. Milou reste néanmoins le vrai héros de cette histoire: heureusement qu’il est là pour récupérer ce fichu sceptre! Une figurante de marque : Bianca Castafiore, croisée dans un taxi!

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Le Crabe aux pinces d’or (1941): Un marin est retrouvé noyé, avec sur lui un morceau d’étiquette d’une boite de crabe sur laquelle est inscrite le mot “KARABOUDJAN”. Apprenant qu’il s’agit d’un bateau, Tintin y monte. Mais trop fouineur, il est fait prisonnier par le lieutenant, Allan, et son équipage. Il découvre alors que ce n’est pas du crabe dans les boites, mais de la drogue. Mais en pleine mer, il ne peut guère s’enfuir sans l’appui du capitaine, alcoolique et manipulé, un certain Haddock.
Voilà enfin notre capitaine! Et peut-être un des albums les mieux menés. De la haute mer au désert marocain, nous suivons les pérégrinations de Tintin pour démanteler (encore une fois!) un trafic de drogue international. On y retrouve des vrais méchants prêts à tout, un vrai boulet en la personne d’Haddock qui vient enfin mettre des bâtons dans les roues trop bien huilées de notre Tintin qui, décidément, sait tout faire, y compris piloter des avions. L’alcoolisme d’Haddock vient donner un peu de profondeur humaine et un potentiel de gag inépuisable. Excellent!

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L’Etoile mystérieuse (1942): Une étrange étoile est apparue dans le ciel, et une chaleur insoutenable semble y être liée. Les professeurs de l’observatoire lui apprennent qu’il s’agit d’une gigantesque météorite, porteuse de métaux qui n’existent pas sur terre, mais qui fonce droit sur la terre. Elle frôle notre planète, mais un morceau tombe au large du Groenland. Commence alors une course-poursuite pour l’atteindre entre Tintin et une banque privée qui veut se l’approprier.
Amusant, incongru et étonnant. L’intrigue file, on passe de l’inquiétante étrangeté avec air de fin du monde, à la course poursuite opposant la science et l’argent, pour enchaîner sur la découverte et la science-fiction. Un vrai plaisir, qui échappe à la volonté d’être trop terre à terre qu’Hergé affichait dans les précédents. Une preuve d’éclectisme réjouissante!

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Le secret de la Licorne (1943): Tintin achète dans un marché aux puces une maquette de navire pour l’offrir au capitaine Haddock. Or tout le monde semble vouloir ce bateau, qui s’avère être une réplique de La Licorne, le navire commandé par François de Haddoque, ancêtre de notre capitaine. Dans le mât du bateau, Tintin découvre un parchemin codé. Un trésor?
Un des plus connus, et pour cause: il reprend l’éternel thème de la chasse au trésor et nous transporte au XVIIIème siècle vers un chevalier en costume aux prises avec des pirates. Et pour couronner le tout, Tintin y est enfermé dans un château, à Moulinsart, dans la cave d’un chateau qui est un véritable hangar à oeuvres d’art et antiquité, que l’on découvre comme si l’on descendait par des passages secrets. Une vraie réserve de rêves et d’enchantement pour les amoureux d’aventure. Encore une fois, l’album repose surtout sur des course-poursuites, et sur des rebondissements où l’on craint que Tintin perde la piste qu’il suit pour mieux la retrouver. Il se suit avec plaisir, mais on sent surtout qu’il prépare une suite et nous laisse un peu sur notre faim…

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Le trésor de Rackham le Rouge (1944): Tintin et Haddock préparent leur expédition pour partir chercher le trésor dont ils ont enfin découvert l’emplacement, mais les journaux ont vent de l’histoire et les voilà harcelés par des journalistes et curieux qui veulent leur part du gâteau. Se présente chez eux un certain Tryphon Tournesol, qui leur propose son invention, un sous-marin de poche, pour retrouver l’épave du bateau.
Et nous voilà repartis en pleine aventure! L’apparition du professeur Tournesol introduit des performance scientifiques et de nouveaux gags en perspective puisque celui-ci, dur d’oreille, comprend tout de travers. La recherche est haletante et on ne peut que suivre avec attention les péripéties de nos héros, qui préparent une chute surprenante et qui permettra de revenir au fameux château de Moulinsart. A bord, entre les Dupond, Haddock et Tournesol, les situations burlesques sont légion! Comme le précédent, pas de sens caché, mais un vrai divertissement!

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Les 7 boules de cristal (1948): Après la découverte d’une momie inca et son rapatriement, les scientifiques qui ont participé à l’expédition sont tous retrouvés plongés dans le coma les uns après les autres, avec une boule de cristal brisé près d’eux. Malédiction lancée par le défunt envers ceux qui ont profané son tombeau? Le septième et dernier, le professeur Bergamote, est un ami de Tournesol: Tintin et ses amis décident donc d’essayer de le prévenir du danger qui le guette.
Un peu déçue. Les sept boules de cristal sont à peine vues, à peine exploitées et je n’ai pas tout de suite compris ce que représentaient les éclats de cristal. Seule la momie inca et son pouvoir de fascination m’ont réellement plu, mais cet album, surtout fait de course-poursuite à rallonge qui ne mènent nulle part, m’a un peu laissée sur ma faim. Il semble être juste fait pour être un prélude au suivant, puisque l’affait des Boules n’est même résolue à la fin…

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Le temple du soleil (1949): Tournesol a été enlevé en même temps que la momie de Rascar-Capak. Tintin et Haddock le retrouvent sur un paquebot en direction du Pérou. Ils lui échappent, mais ils apprennent que Tournesol, pour avoir porté un des bracelets de la momie, a commis un sacrilège et doit être sacrifié dans le temple du Soleil, un vestige de la civilisation inca. Mais comment retrouver ce temple mythique perdu dans les montagnes du Pérou?
Bien plus intéressant que le précédent, ce tome nous amène face à la légendaire rencontre entre le capitaine Haddock et son lama cracheur, mais que vous dire? “Quand lama fâché, lama toujours faire ainsi”. Aidés par Zorrino, le seul indien quechua a accepter de leur adresser la parole, ils traverseront les Andes, dans un pays où le Soleil côtoie les pentes enneigés et les torrents redoutables. Entre racisme et traditions profanée, cet album a un peu plus de sel que les précédents, tout en opposant volontiers l’obscurantisme fanatique à la science moderne. Un excellent album très riche!

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Au pays de l’Or noir (1950): Des explosions dans les moteurs poussent Tintin à enquêter sur la qualité de l’essence. Embauché sur un pétrolier, il est arrêté à la place d’un trafiquant qui a mis les preuves dans sa cabine. Récupéré par les trafiquants au Khemed qui pensent qu’il est l’un des leurs, il est abandonné dans le désert. Il doit alors rentrer en contact avec l’émir, qui a déjà fort à faire avec les compagnies pétrolières qui veulent le renverser.
Un peu complexe car s’attaque à des problématiques politiques et économiques elles-mêmes élaborées. Les trafiquants s’associent avec une compagnie pétrolière qui elle-même soutient un cheik qui doit prendre le pouvoir en leur assurant l’exploitation du pétrole, mais qui doit pour cela reverser l’émir en place, lui-même accordant son pétrole à une compagnie concurrente. Les Dupond font encore une fois n’importe quoi et le personnage d’Abdallah, petit ange en sucre candi de son père, est une vraie tornade qui fera enrager autant Tintin et Haddock (renommé “Milsabor” pour l’occasion) que ses ravisseurs qui ne savaient pas dans quoi ils s’embarquaient… Exigeant mais il y a de quoi se faire plaisir!

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Objectif lune (1953): Tintin et Haddock sont appelés par Tournesol dans une zone militaire ultra-secrète et ultra-protégée de la Syldavie. Ils apprennent qu’il y construit une fusée dans l’objectif d’aller sur la lune. Mais les espions sont nombreux, car les Bordures voudraient bien récupérer la fusée.
L’histoire n’avance pas beaucoup, car l'album est essentiellement fondé sur la présentation des avancées technologiques de Tournesol, sur la surveillance des espions et sur les essais à distance de la fusée, avec le suspens qui va avec, véritable référence à la course à l’armement et aux étoiles de la guerre froide. L’ambiance est donc plus sérieuse quand dans la plupart des albums, et même si les gags sont volontiers présents avec les Dupond ou Milou, on sent quand même qu’on n’est pas là pour s’amuser. Mon passage préféré a quand même été l’uniforme anti-radiation de Milou, lui qui suit toujours son maître: certes on lui a prévu un uniforme, mais dix fois trop grand et personne ne pense à le lui enlever!

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On a marché sur la lune (1954): La fusée à décollé! A son bord, Tintin, Haddock, Tournesol, Milou et Wolff, l’assistant de Tournesol. Première mauvaise surprise: les Dupond se sont fait enfermer dans la fusée, ce qui réduit les réserves d’oxygène. Sur la lune, l’émotion est palpable: le paysage, la vue de la terre, l’apesanteur, la glace, tout est prétexte à l’émerveillement. Mais les comploteurs prêts à tout pour récupérer la fusée ne sont pas loin.
Un des meilleurs albums au succès mérité! D’abord parce qu’avec un réalisme saisissant et une précision remarquable, Hergé a recréé une expédition scientifique lunaire quinze ans avant Armstrong. Ensuite parce que le suspens est permanent et que l’action se ramifie au fur et à mesure que l’on avance, entre les problèmes techniques et les problèmes d’oxygène. Enfin, parce que le drame se noue jusqu’au bout, dans le souci du détail, ce qui fait de cet album un livre très travaillé, jusqu’au scaphandre de Milou qui reste un symbole extrêmement fort!

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L’affaire Tournesol  (1956): Au château de Moulinsart, où vivent désormais nos trois protagonistes, le verre et les porcelaines se mettent à éclater sans la moindre raison. Le professeur Tournesol part en conférence à Genève, mais il est enlevé. A sa recherche, Tintin et Haddock apprennent qu’il travaille sur une nouvelle arme utilisant les ultra-sons pour détruire la matière et que si elle ne fonctionne pour le moment que sur le verre, elle ferait des massacres dans les mains de pays en guerre, comme la Syldavie et la Bordurie.
Encore une fois, cet album est essentiellement une course, puisque Tintin et Haddock essayent d’échapper à des agresseurs tout en voulant libérer Tournesol. J’avoue que je n’ai pas spécialement accroché à cette histoire, malgré sa nouvelle référence à la course scientifique et la providentielle réapparition de Bianca Castafiore, qui leur fournit une aide précieuse.

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Coke en stock (1958): L’émir du Khemed a été renversé, et a confié son fils Abdallah à la bonne garde de Tintin et Haddock: le château de Moulinsart est sens dessus dessous! Ayant croisé le général Alcazar, ils apprennent que celui-ci est en contact avec un trafiquant d’armes, qui a aussi des liens avec l’émir. Tintin et Haddock laissent donc Abdallah au soin de Nestor, le majordome, pour partir apporter leur aide à l’émir. Celui-ci leur révèle alors que la compagnie aérienne qui l’a renversé se livre à un trafic bien surprenant…
Complexe, cet album mélange beaucoup de sujets différents et des personnages qui interviennent brièvement. J’ai eu bien du mal à le suivre, ce qui est bien dommage vu le sujet grave auquel il s’attaque et qui aurait dû retenir toute mon attention. Peut-être atteint-on là les limites de ce qu’Hergé peut faire en matière de complots, de trafic et de dénonciation.

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Tintin au Tibet (1960): Le jeune Tchang annonce à Tintin sa visite, mais son avion s’écrase! Désespéré, Tintin fait un rêve dans lequel Tchang est vivant. Accroché à cette idée, Tintin se précipite au Tibet pour partir à la recherche de son ami. Tout le monde pense que c’est une folie, à commencer par Haddock, et aussi le sherpa Tharkey dont les hommes refusent de les accompagner, par peur du yéti.
C’est un album étonnant: Tintin y apparaît fragile et émotif, prêt à tout pour son ami. C’est très émouvant. Les paysages désolés, véritables désert de glace, du Tibet sont un danger permanent, et pendant longtemps, on se demande si Tintin ne risque pas sa vie et celle de ses compagnons pour rien. Récit d’une amitié à toute épreuve, cet album n’a pas d’autres prétention et c’est ce qui le rend exceptionnel. Il n’y a pas de méchant. Il n’y a que l’espoir. Un vrai délice.

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Les Bijoux de la Castafiore (1963): Un camp de Romanichel s’installe à proximité de Moulinsart. Le capitaine les accueille, mais il est en revanche moins ravi de l’arrivée de Bianca Castafiore, qui désire le calme mais accepte la présence de toutes sortes de photographes et d’interview. Celle-ci est terrifiée à l’idée de perdre ses bijoux, notamment une superbe émeraude offerte par un maradjah indien. Mais avec tous ces gens au château, le danger est partout.
Peut-être le plus simple et le plus accessible, même si Hergé y insère une réflexion intéressante sur les clichés à propos des Romanichels chapardeurs. Petit huis-clos façon Agatha Christie, on y voit le pauvre capitaine Haddock à la une des magasines people. De gags en bouffonnerie, on y apprend que la boucherie Sanzot a de bonnes raisons de se plaindre de la qualité de sa ligne téléphonique. Une histoire légère qui vaut surtout pour le couple Castafiore-Haddock.

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Vol 714 pour Sydney (1968): Tintin et Haddock accompagnent Tournesol à un congrès à Sydney. Lors d’une escale, ils retrouvent un vieil ami pilote, maintenant au service du milliardaire Carreidas qui va aussi à Sydney et qui leur propose de partager son jet. Mais le jet est détourné sur une petite île volcanique par Rastapopoulos qui souhaite s’accaparer la fortune de l’homme.
Je n’ai rien compris! Le motif de Rastapopoulos me semble d’une trivialité enfantine, comparé aux enjeux développés dans les précédents albums. De la science-fiction soit, mais de là à amener un télépathe et à faire enlever Tintin par des extra-terrestres (qui occupent l’île sur laquelle comme par hasard Rastapopoulos atterrit) me semble un peu absurde et un peu trop fort de café. Mouais. Je préfère l’oublier vite fait.

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Tintin et les Picaros (1976): Le général Alcazar a formé une armée de guérilleros pour reprendre le pouvoir après avoir été renversé par le général Tapioca. La Castafiore et ses accompagnateurs sont arrêtés, sous prétexte d’un complot dont Haddock et Tintin seraient les instigateurs. A force de provocation, Haddock et Tournesol partent pour l’Amérique du Sud, vite rejoint par Tintin qui se rend compte qu’ils sont eux-mêmes surveillés. Ils sont alors libérés par le général Alcazar qui souhaite leur aide pour reprendre le pouvoir.
Là encore, retombée dans les références aux crises politiques sudaméricaine, mais ici, avec beaucoup d’humour. A la fois festif et guerrier, le général est tantôt militaire, tantôt fait la vaisselle. C’est un excellent album qui regroupe l’action, l’humour et l’émotion, avec une Castafiore au sommet de sa forme qui renverse les pâtes sur la tête de ses geoliers si elles ne sont pas al dente! Un des meilleurs!

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Tintin et l’alph-art (1986): Suivant les conseils de la Castafiore, Haddock achète une étrange oeuvre du sculpteur Ramo Nash. Peu après, deux spécialistes des oeuvres d’art sont assassinés. Tintin essaye d’enquêter, mais il est à son tour pris pour cible.Toujours sur les conseils de la Castafiore, Tintin et Haddock assistent à une séance d’un mage hypnotiseur, où il reconnaît de nombreux proches du mort. Direction donc la maison du mage Endaddine, en Italie…
Cet album renoue avec les grands classiques de Tintin: un trafic qui va l’emmener à l’autre bout du monde, le caractère exubérant de la Castafiore, les drôles d’idées de Haddock et un voile de mystère et d’embrigadement. Inachevé, on ne saura pas comment Tintin se sortira de ce guépier artistique. Les dessins sont à peine ébauchés mais le scénario est assez avancé, et c’est assez émouvant d’imaginer que Hergé a remis sa plume sur le papier et que c’est sa mort qui a interrompu ce processus.

***

Mon bilan? Très positif! Les grandes tendances se dessinent: les grandes tensions du siècle font l’objet d’une satire mordante, les techniques et sciences font l’objet d’un véritable enjeu, et la précision géographique avec laquelle Tintin nous entraîne sont de véritables reportages! Quelques albums plus légers et vous obtenez les recettes d’un succès mérité.

Mais ce qui me surprend aussi, c’est à quel point un personnage aussi plat, aussi aseptisé, aussi asexué, aussi lisse que Tintin a pu obtenir une telle popularité, car il faut bien l’avouer, ce n’est jamais lui notre personnage préféré: c’est Haddock et ses jurons, c’est Tournesol et ses inventions, c’est Dupond et Dupont et leurs gags. Enfin, mon héros à moi ça reste quand même Milou!

imageUne ligne à lui tout seul!

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Et une belle adptation ciné en 2011

Challenge_La_litt_rature_fait_son_cin_ma_3e_cat_gorie

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Commentaires
D
Bonjour, voici des albums que je relie régulièrement toujours avec le même plaisir. Ma préférence parmi les albums sont Les sept boules de cristal et Le temple du soleil et Les cigares du pharaon et Le lotus bleu. Bonne après-midi.
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M
@ Enna: c'est exactement dans cette optique que je les ai relus.<br /> <br /> <br /> <br /> @ Anne So: les Astérix, je suis moins fan, mais pourquoi pas: ;)
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A
ca me donne envie de tous les relire !!! et de relire les asterix aussi :p
Répondre
E
Excellent billet qui permet de se faire une idée de tout Tintin! Bravo!
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