Dimanche au musée n°86: Domenico Fiasella
Cette semaine, retour à des sujets bibliques. Domenico Fiasella (1589-1669) est un peintre italien, grand admirateur du Caravage. Voici Samson et Dalila:
Rappelons d’abord l’histoire. Samson est un grand héros du peuple d’Israel, consacré à Dieu, dont l’immense force a fait la renommée. Les Phillistins, ennemis d’Israël, envoient alors une jolie jeune femme du nom de Dalila pour soutirer le secret de sa force (moyennant finance bien sûr). Samson est vite séduite, mais par trois fois, alors que Dalila tente de savoir d’où vient sa force, il répond par un mensonge. Mais la quatrième fois, il finit par lui révéler que sa force lui vient de ses cheveux. Dalila lui fait alors couper les cheveux pendant son sommeil. Les Phillistins purent alors facilement le capturer et lui crever les yeux…
Une sacrée garce, hein? Et c’est justement pour cela que ce tableau m’a intrigué. On y voit Samson, endormi sur les genoux de sa maîtresse, un homme se penche par-dessus les épaules de Dalila pour couper les cheveux de Sanson. Déjà, les ennemis accourent: ils entrent dans la scène par la droite, à l’affut, prêt à sauter sur l’occasion et sur leur ennemi. Ce qui m’intrigue surtout, c’est Dalila elle-même. En plein centre du tableau, elle accroche la lumière par sa peau blanche, ses cheveux blonds, sa jupe rose. Et maintenant que son rôle est accompli, elle semble à peine impliquée dans ce qui se passe, alors qu’elle est assise sur le devant de la scène. Une main berceuse est encore posée sur Samson, et elle détourne la tête de ce qui est pourtant son oeuvre. Pourquoi un tel mouvement de recul? Pourquoi ce doigt posé sur la bouche comme si elle s’interrogeait? Notre Dalila est-elle incapable de regarder le résultat de ses efforts, ou se demande-t-elle si elle a bien choisir le bon côté? Mystère…
Toujours est-il que la femme fatale semble manquer d’assurance. Ne trouvez-vous pas?