La maison enragée

16 juin 2010

L'auteur: Richard Matheson (né en 1926) est un écrivain américain qui est aussi scénariste pour le cinéma. Il est particulièrement féru de science-fiction et d'épouvante.

Le livre: Quelques nouvelles allant du fantastique à la science-fiction, mais toujours avec ce pessimisme qui caractérise Matheson. C'est d'abord en s'adressant à vous avec un "tu" amical que l'on vous entraîne dans une monde où une piqûre de calmant vous envoie dans n'importe quel rêve pour vous faire vivre des aventures palpitantes. Puis c'est un homme qui ne peut plus marcher s'il ne porte pas ses chaussure, ou qui ne peut plus penser s'il n'a pas son chapeau sur la tête. Puis cette "chose", qu'il ne faut pas montrer aux enfants parce qu'elle contredit ce qu'ils ont appris à l'école. Passons ensuite à cet écrivain de science-fiction, qui voit ses romans devenir réalité, tel un prophète. Un peu plus loin, c'est une étrange extra-terrestre qui communique par télépathie au point de rendre fous tous les hommes qui ont travaillé avec elle. Et ces étranges machines dans la cave de l'immeuble, qui ressemblent à des moteurs d'avion, à quoi servent-ils? Sans parler de cet écrivain retiré dans une maison où les ennuis domestiques s'accumulent, où les meubles même semblent se liguer contre lui et ruinent sa vie quotidienne...
Je suis fan de nouvelles fantastiques et de bonne science-fiction. Ces nouvelles sont, avouons-le, de qualité inégales. Mais le talent de Matheson arrive à faire mouche: il parvient à créer en quelques pages un univers très cohérent, et à s'arrêter là où il le faut pour ménager son effet. Avec beaucoup d'auto-dérision, Matheson n'hésite pas à utiliser son propre personnage d'écrivain et à le mettre en scène régulièrement ("Géniale, ta nouvelle, on va la publier, on va virer une nouvelle de Matheson, ça ne fait rien"). L'art de la chute n'est pas négligé non plus, notamment dans la nouvelle L'habit fait l'homme qui réserve un beau retournement final. Lourde et pesante, l'ambiance de ces nouvelles nous invite à nous méfier de notre propre réalité à tout moment. J'adore!