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Ma bouquinerie
6 avril 2022

[Un livre, un film] Le Tour du monde en quatre-vingt jours - Jules Verne

jules verne

Phileas Fogg est un gentleman anglais d’une exactitude exemplaire, maniaque de la précision, qui vient d’embaucher un nouveau valet, Passepartout. Il fréquente le Reform Club de Londres avec d’autres gentlemen. Un jour, il tombe sur un article disant qu’il est désormais possible, grâce à une nouvelle ligne de chemin de fer, de faire le tour du monde en quatre-vingt jour, pas moins. Le calcul est vite fait et Phileas Fogg soutient que ce tour du monde est réalisable, alors que ses camarades affirment le contraire. Ils font alors un pari: 20 000 livres si Phileas Fogg revient au plus tard dans quatre-vingt jours après avoir effectué son tour du monde.

Un bon moment. Comme d’habitude, je suis agacée de voir Jules Verne faire passer le guide touristique avant l’intrigue romanesque. Evidemment, la vision du "monde" de Jules Verne se limite à trois ou quatre pays, avec le regard un tantinet daté voire raciste que peut avoir un Français de l'époque. Mais on a le mérite de proposer un exotisme assez rare et une vraie curiosité et admiration pour l'ailleurs, et c'est déjà énorme.
Par ailleurs le livre regorge de scènes malicieuses qui rattrapent cela. Ainsi, dès le départ de son voyage, Fogg est confondu avec un voleur en fuite, ce qui va pousser un policier anglais à le suivre tout autour du monde en espérant que l’ordre d’arrestation envoyé par Londres finira par les rattraper. Passepartout n'hésite pas à profiter de la bouteille. Mention spéciale pour le duel dans le train, interrompu par l’attaque des Sioux, près de San Francisco: on est en plein Far West! 
Le rythme est enlevé, l'ironie et l'amusement sont savoureux. Un vrai bon moment.

Un mot sur l'auteur: Jules Verne (1828-1905) est un auteur français prolifique, auteurs de roman d'aventure et d'anticipation connus dans le monde entier.

 

La note de Mélu:

Note 4

le_tour_du_monde_en_80_jours_04_4Le film: en 2004, Franck Coraci adapte, assez librement, le roman de Jules Verne. Phileas Fogg est incarné par Steve Coogan. Mais ce n’est plus ce gentleman anglais inventé par Verne mais un inventeur loufoque, une sorte de doux dingue méprisé par ses pairs (là où le Fogg de Verne est un digne britannique). Jackie Chan hérite du personnage de Passepartout, complètement transformé pour l’occasion: il n’est plus le valet français qui aspire à la stabilité mais un voleur chinois qui cherche à rentrer en Chine au plus vite. Or pour cela, quoi de plus facile que de provoquer le pari lancé par les membres de la Royal Academy of Science? Il n’a plus qu’à embarquer. L’esprit du roman est donc complètement transformé, même si la trame romanesque est conservée. Les transformations ne s’arrêtent pas là: dès leur escale à Paris, les deux voyageurs sont rejoints par une jeune peintre impressionniste, Monique Laroche, incarnée par la sublime Cécile de France. Personnage totalement inventé, il n’est cependant pas désagréable. La suite du film suit les conséquences logiques de ces choix: impossibilité de passer par Shangaï ou Hong-Kong, toutes deux anglaises donc infestées de policiesr; courses poursuites et bagarres improbables avec des ninjas en foule, dont Jackie Chan sort vainqueur malgré ses chorégraphies loufoques. Là où Jules Verne s’appliquait à un maximum de réalisme ethnologique, le film joue la carte de la bonne humeur et du pittoresque coloré, quitte à tomber dans des clichés. La trame du roman n’est donc qu’un prétexte pour un film de Jackie Chan, ce qui serait presque un genre à lui tout seul tant ils se ressemblent tous. Peu de choses respectées de Verne, donc, si ce n’est le rythme trépidant du voyage. L’ensemble n’est néanmoins pas désagréable grâce au second degré permanent, et il est tout à fait plaisant de retrouver Arnold Schwarzenegger en roi turc polygame qui servit de modèle pour Le penseur de son copain Rodin, Michael Youn en directeur de la galerie d’art, Owen Wilson (partenaire de Jackie Chan dans Shangai Kid) en pionnier de l’aviation ou encore Sammo Hung (le fameux Flic de Shangai) en frère de Jackie Chan.

 

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 Le film d'animation: en 2021, Samuel Tourneux propose une relecture de ce roman.  Dans cette adaptation animalière, Phileas Fogg devient Phileas Frog, une grenouille qui se la raconte un peu avec son surf et vit d'aventure, d'eau fraîche et de petites arnaques. Passe-partout, lui, est un petit singe élevé par une maman ultra-protectrice qui l'a emmené vivre dans un endroit où rien ne lui arrivera et donc, à mourir d'ennui. L'occupation préférée des gens qui s'ennuient étant de parier sur tout et n'importe quoi, très vite, le petit singe impressionné par le bagou de Phileas s'enfuit de chez Môman pour partir faire son tour du monde avec la grenouille que finalement ça embête bien de se coltiner ce petit singe dans son voyage. C'est assez drôle finalement. Si on retombe sur beaucoup de clichés du film pour enfant, les dialogues sont loin d'être niais. Les personnages sont attachants et parfois surprenants, comme l'agent Fix, qui poursuit Phileas pour l'arrêter et se révèle aussi tenace qu'impressionnante. La modernisation des personnages féminins est particulièrement réussie. Quelques ajouts pas très heureux ou sous-exploités, un traitement de l'écoulement du temps qui aurait pu être mieux géré. L'animation est traditionnelle, parfois un peu kitsch, mais la réalisation est efficace. Un bon film pour enfant.

 

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La série télé:  Début 2022, une toute nouvelle version arrive sur France 2, qui propose encore quelques modifications pas toutes heureuses. Dans le Daily Telegraph, un article de miss Fix l'affirme: il est théoriquement possible de faire le tour du monde en 80 jours. Dandy britannique maladroit, Phileas Fogg se lance sur un coup de tête dans un pari insensé : le prouver. La journaliste miss Fix s'impose dans le voyage, ainsi qu'un valet français qui a tout intérêt à quitter le pays, Passepartout. On bascule parfois dans le cliché: l'amour perdu de Fogg, la lutte féministe de Fix,... Mais la réalisation est très belle, la tension efficacement maintenue et les personnages charismatiques. David Tennant est à l'aise dans le rôle, un peu trop d'ailleurs puisqu'il fait plus du David Tennant que du Fogg (le docteur est tenace), Passepartout est excellent. On reste cependant fidèle à l'esprit de Verne dans l'esprit de découverte du monde et lorsque ce qui sauve le voyage, c'est l'intelligence et la science des personnages, mais là-dessus, les épisodes ne se valent pas: il y en aura donc aussi pour le sentimentalisme et les grands idéaux, ce qui moi m'agace un peu. La bande-son est particulièrement soignée et le final est une grande élégance, échappant pour le coup à ce que l'on attendait. Perfectible, mais très sympa !

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Commentaires
T
Bon, je crois bien qu'à tout prendre, des 3 films (que je n'ai pas vus, alors que je relis régulièrement ce Verne, entre autres), c'est le dessin animé qui me déplairait le moins... <br /> <br /> Pas mal, en tout cas, le concept "Un livre / un film"! <br /> <br /> En général, chez dasola, on fait les chroniques sur deux billets différents...<br /> <br /> (s) ta d loi du cine,"squatter" chez dasola
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E
J'adore Jules Verne et j'avais adoré ce Tour du monde... il faudrait même que je le relise !
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M
@ Anne-so: bien d'accord!<br /> @ Emilie: lis peut-être des extraits, pour te faire une idée plus juste. Celui-là est assez court.<br /> @ Esmeraldae: à bas les clichés!
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E
pareil je n'ai jamais lu jules vernes mais plus parce que dans mon esprit c'est de la lecture masculine!
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E
Je n'ai jamais lu de Jules Verne mais je ne sais pas pourquoi, j'ai un a priori sur ses livres et j'ai peur de m'ennuyer. Je sais c'est très étrange et pas très bien argumenté mais je me tâte vraiment...
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