Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ma bouquinerie
18 mars 2010

Paul Verlaine : Birds in the Night

verlaine8On connaît le  Paul Verlaine des Poèmes Saturniens, le Verlaine en pleine effusion poétique avec Rimbaud. N'oublions pas que ce brave Verlaine était aussi un mari et un père de famille. En 1872, il abandonne son épouse, Mathilde, pour fuir à Bruxelles avec Rimbaud. Mathilde demande la séparation des corps et des biens, et Verlaine est déchiré par cette rupture (ben voyons!). Il écrira ainsi dans Romances sans paroles des vers qui rappellent beaucoup ce conflit conjugal et les reproches qu'il a pu adresser à son épouse. Je vous livre ici un extrait d'un long poème que j'ai choisi.

***
Birds in the night

Aussi me voici plein de pardons chastes,
        Non, certes ! joyeux, mais très calme, en somme,
        Bien que je déplore, en ces mois néfastes,
        D'être, grâce à vous, le moins heureux homme.
   
        Et vous voyez bien que j'avais raison,
        Quand je vous disais, dans mes moments noirs,
        Que vos yeux, foyer de mes vieux espoirs,
        Ne couvaient plus rien que la trahison.
   
        Vous juriez alors que c'était mensonge
        Et votre regard qui mentait lui-même
        Flambait comme un feu mourant qu'on prolonge,
        Et de votre voix vous disiez : " je t'aime ! "
   
        Hélas ! on se prend toujours au désir
        Qu'on a d'être heureux malgré la saison...
        Mais ce fut un jour plein d'amer plaisir,
        Quand je m'aperçus que j'avais raison !
   
        Aussi bien pourquoi me mettrais-je à geindre ?
        Vous ne m'aimiez pas, l'affaire est conclue,
        Et, ne voulant pas qu'on ose me plaindre,
        Je souffrirai d'une âme résolue.
   
        Oui, je souffrirai car je vous aimais !
        Mais je souffrirai comme un bon soldat
        Blessé, qui s'en va dormir à jamais,
        Plein d'amour pour quelque pays ingrat.
   
        Vous qui fûtes ma Belle, ma Chérie,
        Encor que de vous vienne ma souffrance,
        N'êtes-vous donc pas toujours ma Patrie,
        Aussi jeune, aussi folle que la France ?
   
        Or, je ne veux pas, - le puis-je d'abord ?
        Plonger dans ceci mes regards mouillés.
        Pourtant mon amour que vous croyez mort
        A peut-être enfin les yeux dessillés.
   
LogoPrintempsdesPoetes

Publicité
Publicité
Commentaires
G
J'ai l'impression d'avoir lu ce poème. Merci pour ce partage.<br /> Bonne journée !
Répondre
M
Bel hypocrite, oui!
Répondre
L
Baratineur...
Répondre
Ma bouquinerie
Publicité
Newsletter
Publicité