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Ma bouquinerie
13 mai 2012

Dimanche au musée n°101: Paul Baudry

Cette semaine, retour dans une peinture plus académique. Paul Baudry (1828-1886) a travaillé pour Napoléon III, qui lui avait confié certaines décorations de l’Opéra Garnier. Voici L’Assassinat de Marat, également intitulé Charlotte Corday

Charlotte_Corday baudry

Rappelons le contexte: à vingt-trois ans, Charlotte Corday est déjà une révolutionnaire dans l’âme qui suit et admire de loin les actes des députés pour assoir la République. En 1793, elle prend conscience des excès d’une Révolution en train de dégénérer. Apprenant que Marat se félicite des massacres perpétrés, elle décide de passer à l’acte. Après plusieurs tentatives appuyées de lettres prétendant l’avertir d’un complot, elle parvient à être reçue par Marat lui-même malgré les réticences de son entourage. Marat la reçoit dans sa baignoire, où il se trouve à cause de son état de santé. Lorsque Marat lui annonce qu’il compte envoyer encore du monde à la guillotine, elle le poignarde au coeur.

J’ai bien évidemment simplifié la chose, l’assassinat de Marat restant un des épisodes les plus mystérieux de notre Histoire. Ce qui m’a intrigué dans ce tableau, c’est d’abord son format: il est très étriqué, tout en hauteur. Comme si l’espace était très réduit, comme si nous devions nous serrer avec les deux personnages pour tenir dans la pièce. La baignoire occupe d’ailleurs presque tout l’espace et Charlotte Corday est déjà prête à sortir. Marat est expirant, cramponné aux bords de sa baignoire, et le désordre de la pièce est éloquent. Par contre, je m’étonne de sa sobriété: pas une goutte de sang. J’ai mis un moment à comprendre où était le couteau: planté dans le torse de Marat. Habile artifice qui permet au peintre d’éviter la plaie béante tout en renforçant l’aspect supplicié de Marat. Dernier détail qui m’a fait frissonner: le visage de Charlotte Corday. Loin de regarder sa victime, elle lance droit devant elle un regard à la fois dur et étrange, et j’hésite à dire si le peintre a voulu la représenter comme un modèle de fermeté ou de folie. Toujours est-il que dans ce tableau, elle est terrifiante, limite hystérique, alors que Marat est dans son rôle de martyre.

Qu’en pensez-vous?

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Commentaires
L
Je ne la trouve pas hystérique, plutôt hiératique, presque pétrifiée devant l'acte.
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