Dimanche au musée n°74: La Cour des Lions de l'Alhambra

Encore une incursion dans l'architecture. Cette fois, je vous emmène en Andalousie, à Grenade très exactement. Longtemps occupée par les Arabes, cette ville garde de nombreuses traces de leur superbe esthétique, notamment ce palais, qui après la reconquête, a été jugé trop beau pour être détruit et a été investi tel quel par les catholiques. L'Alhambra, qui signifie "La rouge" à cause de la couleur de ses murs au coucher du soleil, a isnpiré dans Les Orientales les vers suivants à Victor Hugo:

" L'Alhambra ! l'Alhambra ! Palais que les génies
Ont doré comme un rêve et rempli d'harmonies.
Forteresse aux créneaux festonnés et croulants
Où l'on entend la nuit de magiques syllabes,
Quand la lune, à travers les mille arceaux arabes,
Sème les murs de trèfles blancs. "

Mais ce qui a retenu mon attention, c'est la célèbre Cour des Lions:

Il faut le dire, lorsqu'on y accède par des couloirs gardés au frais, surplombé par des décorations extrêmement minutieuses et soignées, véritables broderies de pierre, entre les multiples colonnades et les fomes géométriques qui émaillent des plafonds tout en relief,cette cour où le soleil tombe directement semble toute dorée, sortie d'un conte des mille et une nuits.

Quelques rares buissons bien verts soulèvent la teinte beige et dorée des pierres, mais surtout, c'est l'eau qui est à l'honneur. Dans cette région quasi-désertique, un minuscule filet d'eau dans des petits canaux, soigneusement économisée, nous conduit jusqu'à cette fontaine qui se dresse au centre de la cour.

Bon, en pratique, on est obligé de rester à la périphérie de la cour, on ne peut pas y rentrer et on admire la fontane de loin, mais aujourd'hui, imaginons que nous nous en approchons.

Ils sont douze lions de marbre blancs qui supportent le bassin. Stylisés comme des sphynx antiques, ils symbolisent la force et le courage. Mais pour ma part, j'aime à y voir autre chose. Quand on a traversé une fois la vallée au pied de la Sierra Nevada au mois d'août, on a un petit avant-gout du Sahara. Des pierres, des cactus et un soleil de plomb. A ce titre, le palais de l'Alhambra cache une véritable oasis (allez-y en mai, ça embaume la rose et la fleur d'oranger dans les jardins...). Les petits canaux de pierre semblent tous converger vers cette fontaine, comme une invitation: "vous cherchez la fraîcheur? Suivez-nous!.. Jusqu'à la gueule des Lions!" En bons gardiens, ces douze fauves entourent soigneusement le large bassin si tentant et surtout si précieux, comme si c'était là un trésor.

D'autant plus précieux et fragile qu'aujourd'hui, one ne peut même plu s'en approcher!

Preuve de mon interprétation? Cette gravure qui montre ce que la fontaine a pu être dans les grandes heures du palais:

Si ce n'est pas une démonstration de l'eau comme source de fraicheur et comme luxe dans une région si aride...

Qu'en pensez-vous?

Source des images: Wikimedia Commons

Comments

[Lili Galipette]

Voilà qui donne envie d'une citronnade sous les grenadiers !