Dimanche au musée n°73: Edvard Munch
De Munch, je vous avais déjà longuement commenté le célèbre Cri. Ici, j'ai choisi un tableau qui m'interpelle par son thème assez rare: Le Vampire:
Initialement, ce tableau était intitulé Amour et douleur. Décrivons-le: une jeune femme à le flamboyante chevelure rousse est courbée sur un homme qu'elle enlace et qui lui rend son étreinte. Elle semble le tenir comme une mère tiendrait un enfant. A première vue donc une scène d'une grande tendresse. Ce qui dénote? La noirceur du tableau. L'homme semble se fondre à la fois dans l'arrière-plan et dans dans la femme: son visage se noie, elle le surplombe et éclaire tout le tableau par la blancheur de ses bras nus et la couleur rouge de ses cheveux. Le titre est là pour faire basculer le sens: cette étreinte si étroite semble du cou emprisonner l'homme, comme si le corps de la femme l'enserrait dans une gigantesque griffe, jusqu'aux cheveux qui descencent sur lui comme pour se refermer sur sa tête et son buste. Et plus on regarde, plus on trouve cette domination bien trop pressante. Ses sourcils, qui semblent froncés et qui dénotent une certaine concentration qui s'accorde mal avec l'abandon de l'étreinte. Et poruquoi semble-t-elle irradier sur le mur du fond, pourquoi semble-t-elle nue, pourquoi ses doigts de la main droite semblent-ils crispés comme s'ils s'enfonçaient dans sa victime?
Vous l'aurez compris, ce tableau n'est dérangeant que parce qu'il fait d'une scène de tendresse une scène trop ambiguë, parce qu'il est difficile de comprendre l'abandon de cet homme sans y voir une sorte d'impuissance, et parce que cette rousse est bien trop lumineuse pourne pas être en train d'aborber toute la lumière de l'autre personnage... On mettra le mot "vampire" trop commun maintenant sur ce personnage. Elle vampirise surtout parce qu'elle attire tout le tableau sur elle, qu'elle le concentre sur elle, alors que l'homme est déjà sur le point d'en glisser par le bas...
Qu'en pensez-vous?