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Ma bouquinerie
17 juillet 2011

Dimanche au musée n°58: Gustave Doré

Cette semaine, place à un illustrateur et graveur que vous connaissez sûrement: au XIXème siècle, Gustave Doré (1832-1883) a illustré un très grand nombre d'auteurs classiques, parmi lesquels Edgar Poe, Jean de La Fontaine, Cervantès ou Charles Perrault. Mais il a aussi commis des tableaux comme celui-ci dessous, L'Enigme (cliquez pour agrandir)

Dor__L__nigme

Doré peint ce tableau au moment de la guerre de 1870 qui oppose la France et la Prusse. Mais commençons par le décrire. Un paysage désolé, mort, quasiment monochrome, baignée dans une lumière grise de désolation. Partout, jonchant le sol, des cadavres. Au premier plan, on distingue même un cadavre d'enfant dans les bras de sa mère. Premier élément saisissant d'une composition toute tragique et pathétique, il attire le regard et l'ammène droit vers le second plan où sur la gauche, on distingue un canon auquel il ne reste plus qu'une roue: même l'arme de guerre a succombé à la guerre elle-même. Au loin, des fumées épaisses, sous laquelle on distingue une ville visiblement détruite: la guerre ne bat pas son plein, c'est un paysage d'après-bataille que l'on voit, et le canon est bien là pour nous rappeler que c'est une apocalypse purement humaine qui nous est mis devant les yeux.
J'utilise à dessin ce terme d'apocalyspe, car au milieu de ce paysage d'un réalisme glaçant, un étrange couple mythologique se dresse. Un corps de lion, une coiffure à l'égyptienne: il s'agit bien d'un Sphinx, comme celui qui garde les pyramides. Juché sur une butte, il est le seul élément qui se détache de cette composition plate, sa tête étant d'ailleurs située au seul endroit où le ciel s'éclaircit entre les panaches de fumée. Le sphinx, c'est la réponse, celui qui détient les secrets divins, le gardien du monde invisible. La femme ailée qui se pâme devant lui a suscité bien des interprétations. Est-ce la France? L'ange de l'humanité? L'ange de la mort? La Liberté? Ou bien justement le responsable de ce massacre, l'autre sphinx, celui de la mythologie grecque qui dévore les hommes trop hardis? Difficile à dire. Toujours est-il que c'est la figure calme, solide et pleine de compassion du Sphinx égyptien qui domine. Comme si il possédait la réponse à cette énigme qui pousse les hommes à s'entretuer de manière cyclique, mais qu'il restait muet, de pierre, malgré celle qui se pâme à ses pieds.
On oublie souvent que pour nous la Seconde Guerre Mondiale n'a été que le dernier en date des grands maux que les hommes se sont faite subir à elle-même.

Qu'en pensez-vous?

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Commentaires
L
Encore une fois, ta façon de parler d'une œuvre d'art est saisissante ! Bravo !
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