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Ma bouquinerie
10 mai 2022

Derniers jours d'un monde oublié - Chris Vuklisevic

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Sheltel, unique île sur laquelle il y a des survivants de la grande catastrophe. Une société où depuis trois cent ans, chaque naissance et chaque mort sont comptabilisées pour garantir l'équilibre, et cette tâche est confiée à la Main, une terrifiante silhouette masquée qui donne la vie comme elle la reprend, et qui tient les comptes de toutes les familles. Une île sur laquelle le pouvoir écrasant des Natifs s'oppose au culte des Bénis, tous surplombant une plèbe grouillante de miséreux qui cherchent avant tout à survivre. Une île où tout se monnaie, et surtout les gens, en particulier ceux qui possèdent un pouvoir et qui doivent être enfermés sous peine de menacer la communauté. Une île qui voit arriver, au loin, pour la première fois, un bateau. Des pirates. Et qui redoute l'arrivée de ces étrangers.

Ce roman m'a été conseillé par ma libraire dont c'était le coup de coeur, et a remporté le concours organisé pour les vingt ans de la collection Folio SF. Et il faut le dire, il est impressionnant. L'univers créé est d'une richesse et d'une cohérence remarquables. A chaque chapitre ou presque, un nouvel élément vient s'ajouter pour construire une société dans tous ses aspects: commerce, religion, presse, instruction, politique, génétique, tout ou presque est pensé. Chaque aspect a ses règles, ses particularités savoureuses et sa mise en scène. C'est une immersion remarquable et, s'il faut passer quelques chapitres un peu ardus avant d'y entrer vraiment, on ne peut que saluer l'ampleur et la réussite de la chose.
Les personnages sont particulièrement soignés. On suit majoritairement trois d'entre eux. D'abord, une des pirates, Erika, qui cherche à fuir le monde de mort dans lequel elle a été élevé et espère trouver sur Sheltel une nouvelle vie. Ensuite Arthur Pozar, commerçant avide et éminence grise de la Bénie, prêt à tout pour garder sa position sociale. Et enfin, la Main, une sorcière aux dons mortels, qui cache bien des secrets derrière son masque blanc. L'histoire de chacun est longue, précise, tortueuse, et si on aucun n'est franchement là pour que le lecteur s'y attache, tous suscite une forme de fascination un peu malsaine teintée de compassion
L'intrigue principale est plutôt attendue. L'arrivée des étrangers va remettre en question le fonctionnement en vase clos de l'île, et tout faire exploser. Elle est soigneusement dynamisée par le rythme, qui mèle l'alternance des points de vue à des documents un peu annexes (pages de journaux, textes de lois, lettres échangées par les personnages...). Et toutes les intrigues secondaires sont, elles, passionnantes. Le résultat: on ne s'ennuie vraiment pas. Il reste cependant un certain nombre de choses un peu difficiles à suivre, et qui mériteraient un autre traitement, comme toute l'aspect magique du roman qui reste très survolé. Un peu comme si on avait voulu mettre trop de choses dans l'intrigue, et qu'on n'avait pas forcément développé les bonnes. Mais ça reste une jolie performance.

La note de Mélu:

Note 4

Un mot sur l'autrice: Chris Vuklisevic(née en 1992) est française et c'est son premier roman.

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