Un mot sur l’auteur: Yann Rambaud est un auteur français, d’abord auteur, compositeur et chanteur dans le groupe Staël. Le tome 1 sur Ma Bouquinerie:
Stella n'a pas une vie fabuleuse. A quinze ans, elle passe sa vie à arpenter le Paquebot, sa cité, en compagnie de ses amis pas mieux lotis, et rentre chez elle pour retrouver une mère dépressive et alcoolique depuis la mort de son père. Mais Stella fait des rêves étranges. Des rêves où tout n'est que désert et orage grondant, et où une voix familière appelle à l'aide derrière une trappe qu'elle n'ose pas ouvrir. Heureusement, depuis peu, elle sort la tête de l'eau grâce à ses amis Jessie et Gaspard, qui l'obligent à remonter sa moyenne en classe et à moins se faire remarquer. Et puis il y a Achille, le garçon qui habite depuis peu en face de chez elle. Cloué dans un fauteuil roulant, enfermé dans un corps paralysé. Lui, il rêve de bateaux lancés sur des rivières pour l'emmener vers des aventures palpitantes, des batailles et des quêtes en tous genres, enfin en possession de tous son corps bien vivant. Achille et Stella vont se rencontrer. De plein de façons.
Et voilà le tome 3 de ces aventures qui nous font osciller entre l'Intérieur et l'Extérieur. Le tome final. Pour ceux qui ne savent pas, on nous propose ici des adolescents capables de passer du monde des rêves au monde réel, de s'en souvenir et d'y vivre deux vies parallèles pour les rassembler. Et grâce à ces terrains d'introspections, en apprendre plus sur eux-mêmes et évoluer, guérir, rebondir. Ici, une nouveauté: nous n'avons plus un, mais deux voyageurs. Le roman se construit donc en chapitres alternés, tantôt par Stella, tantôt par Achille. Et bien sûr, tout l'intérêt est de leur permettre de voyager dans les rêves des autres. Ce thème avait déjà été évoqué avec les Bêtimondes de Gaspard dans le premier tome, cette capacités à partager ses cauchemars en les matérialisant, et elle revient ici avec d'autant plus de pertinence
L'habileté de la construction des personnage est, à nouveau, remarquable. Stella est à la fois archétypale et inclassable. Une cité morose, une famille pourrie, une scolarité en berne, elle cumule pas mal de clichés. Et pourtant, elle n'en est pas un. Avec son crâne rasé et son désir de rédemption, elle est très intéressante dans sa complexité. Mais j'avoue qu'Achille, je ne m'y attendais pas et bon dieu que c'est bien vu. Infirme Moteur Cérébral, Achille n'a le contrôle que sur son bras qui dirige son fauteuil et tape sur la tablette censée lui permettre de communiquer. Un calvaire. Et le monde de l'Intérieur prend alors tout son sens, parce que le Achille de l'Intérieur est futé, combattif, souriant, courageux et bouillonnant d'envie de vivre. Et il peut enfin le montrer, parce que dans son intérieur à lui, son corps entier se remet à fonctionner, sauf son bras. C'est absolument jouissif et c'est un crève-coeur que de le voir à chaque réveil reintégrer sa prison de chair.
Et c'est peut-être là où le bât blesse un peu. Ce roman m'a paru trop court, parce que chacun de ces personnages en méritait un à lui tout seul. Stella et sa mystérieuse créature qui la poursuit dans ses rêves, sa relation avec sa mère et ses ennuis avec les gars de sa cité. Achille et ses quêtes incessantes. L'idée de les faire se croiser, partager leurs rêves et leurs angoisses, était bien sûr brillante, et elle aurait mérité elle aussi un peu plus qu'une Stella la plupart du temps spectatrice. Le chapitre final, qui réunit les quatre voyageurs, m'a cruellement laissée sur une envie de dire "encore". Parce que c'est bien fichu, parce que c'est intelligent, parce que le style est à la fois accessible et soigné avec une vraie belle langue, beaucoup d'humour, de poésie et de finesse. Bref: je ne veux pas trois tomes, sur cette série. J'en veux cinq.
La note de Mélu:
Une fin trop rapide... snif!
Un mot sur l’auteur: Yann Rambaud est un auteur français, d’abord auteur, compositeur et chanteur dans le groupe Staël. Le tome 1 sur Ma Bouquinerie: