Dimanche au musée n°126: Gaston Buissière
Cette semaine, un peu de peinture symboliste. Gaston Buissière (1862-1928) est un peintre français originaire de Saone-et-Loire qui a illustré des œuvres d’Oscar Wilde, Balzac ou encore Flaubert. Voici justement Salammbô:
Rappelez-vous: Salammbô est une princesse carthaginoise, la fille du roi Hamilcar, symbole même de la sensualité orientale et de l’interdit du sacré. Vierge intouchable mais qui déchaîne les passions, elle est une figure décadente malgré elle. Ici, elle apparaît nue, dans l’obscurité d’un palais somptueux, approchée par un immense serpent. Tout dans ce tableau est à sens multiple. Commençons par la nudité de Salammbô: nue et pure comme une vierge au premier jour, telle une Eve qui ne connaît pas le mal, elle en est également une provocation ouverte, comme sortie d’un harem. Les colonnades et les lourds tissus qui l’entourent sont un étalage de luxe qui sont autant un écrin qu’un refuge, un lieu de prière autant qu’un symbole de raffinement qui évoque une maison close. Observez d’ailleurs le contraste entre le bleu et l’or d’un côté et la blancheur laiteuse du corps. Quand au serpent, comment ne pas penser au tentateur biblique, celui qui vient provoquer le Mal? Ici, il avance vers la jeune femme de manière très pressante, tant qu’elle semble se contorsionner avec pudeur pour lui échapper. Au contraire d’Eve, elle semble fuir la tentation… ou est-ce le symbole masculin explicite que représente ce serpent dressé? Voilà ce que j’aime dans ce tableau: la sensualité orientale est déborde de tous côtés et pourtant, cette jeune fille semble ne plus savoir où se mettre pour y échapper.
Qu’en pensez-vous?