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Ma bouquinerie
19 août 2012

Dimanche au musée n°115: George-Antoine Rochegrosse

Cette semaine, chers Bouquineurs, je m’intéresse à la peinture mythologique, avec George-Antoine Rochegrosse (1859-1938), peintre français qui s’est illustré notamment dans la peinture religieuse et orientaliste. Voici La Fureur de Médée:

rochegrosse la fureur de médée

Rappelons qui est Médée: fille du roi de Colchide, nièce de la célèbre sorcière Circé, et magicienne elle-même. Lorsque débarque chez son père un certain Jason à la recherche de la toison d’or. Elle tombe amoureuse de lui, et l’aide à accomplir sa mission, n’hésitant pas pour cela à tuer son propre frère ainsi qu’à assassiner le rival de Jason sur le trône. Médée et Jason ont deux enfants. Jusqu’au jour où Jason tombe amoureux d’une autre. Et qu’il répudie Médée pur l’épouser. Et là, ça va faire des étincelles, vous le savez : Médée ira jusqu’à tuer ses propres enfants pour se venger de Jason.

Et ici nous avons une Médée très en colère. J’imagine que Jason vient de lui annoncer qu’elle va être écartée et que ça ne lui plait guère. Est-ce lui qui se tient droit devant elle, tout casqué? Il a beau être campé sur ses jambes, encore en armure, son mouvement de recul montre au minimum son désir de s’éloigner de Médée, au pire sa crainte devant la fureur de sa compagne. Le clou du tableau reste Médée elle-même: bien au milieu, elle semble prête à fondre sur lui, penchée en avant, les poings serrés et les bras raidis: elle est en posture d’attaque. Mais ce qui me marque surtout, c’est cette flamboyante chevelure rousse. Et oui: dans la tradition populaire, les sorcières sont rousses, leur couleur de cheveux est celle du diable. Et plus diabolique que Médée, on ne fait pas: il fallait donc qu’elle soit rousse, incendiaire. et le désordre qui l’entoure (vêtements jetés pêle-mêle, chaise renversée) ne sont qu’un prélude au carnage qui va suivre.

Dernier détail qui m’a plu: en arrière-plan, on devine une femme, probablement une servante, qui assiste à la scène, derrière Médée. Sa présence sépare clairement le tableau en deux parties: à gauche, le monde des hommes et des armes, à droite, le monde des femmes, de l’intérieur domestique. Avec toute autre que Médée, la symbolique aurait été classique: l’homme adultère brise la cellule familial. Sauf que Médée est clairement en train d’investir le côté violent du tableau, et c’est elle qui va détruire cette harmonie domestique suggérée.

Qu'en pensez-vous?

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Commentaires
L
Puis-je vous demander dans quel musée avez-vous vu ce tableau ? Merci.
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M
@ Lili Galipette: j'ai aussi beaucoup de mal à comprendre ce personnage.
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L
Médée m'a toujours paru contre-nature. Aucune compassion pour ce personnage.
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