Dimance au musée n°96: Frederic Leighton
Cette semaine, comme souvent d’ailleurs, c’est vers l’époque victorienne que je me tourne, avec Frederic Leighton (1830-1896), peintre britannique typique d’une époque où la nostalgie de l’âge d’or s’exprime par des sujets mythologiques. Voici justement Le Retour de Perséphone.
Rappelons l’histoire. Hadès, dieu des Enfers, est tombé très amoureux de Perséphone, et décide de l’enlever pour l’épouser. Mais Perséphone est la fille de Cérès, la déesse des champs et des moissons. Et celle-ci, constatant la disparition de sa fille, soumet la terre à un chantage terrible: plus rien ne pousse tant qu’elle ne saura pas ce que Perséphone est devenu. Et lorsqu’elle apprend l’aventure, elle demande, folle de rage, réparation à Zeus. Celui-ci est bien embêté: outre la difficulté de trancher entre son frère et sa soeur, il se voit mal condamner Hadès pour un crime qu’il commet régulièrement lui-même pour satisfaire ses caprices amoureux. Il trouve alors un compromis. Six mois par an, Perséphone vivra près de son époux, pour le plus grand malheur de sa mère: rien ne poussera pendant ce temps-là c’est l’hiver. Et les six autres mois, elle retournera sur terre, et la nature renaîtra!
Ce tableau nous montre précisément le moment où la jeune fille rejoint sa mer; est-ce Hadès lui-même qui la raccompagne? Ce qui m’a plu dans ce tableau, c’est cette superbe diagonale formé par les bras de la mère et de la fille. D’abord Cérès elle-même, en contrejour dans une lumière éclatante, avec ses bras grands ouverts dans un geste profondément émouvant, qui se penche vers sa fille. Ensuite Perséphone inondée par la lumière que sa mère semble lui envoyer, dans un mouvement d’élan où elle semble léviter vers la surface. Sa peau semble irradier. Cette tension qui semble jeter la mère et la fille l’une vers l’autre m’a touchée.
Qu’en pensez-vous?