Chéri - Colette

L’auteur: Colette (1873-1954) est une romancière française, qui a d’abord écrit sous le nom de son mari avant de divorcer et de prendre son indépendance littéraire.

Le livre: “Chéri” est le surnom donné à Fred, jeune homme de vingt-cinq ans capricieux, égocentrique et narcissique mais beau, si beau… que sa maîtresse Léa lui passerait tout. Mais Léa a déjà cinquante ans. Elle sait que son idylle avec le jeune homme a quelque chose de maternel, et que cette passion a quelque chose de cocasse. La fin s’annonce peut-être déjà: il est temps pour Chéri de se marier, avec une jeune fille. Et si elle fait croire qu’il n’en est rien, Léa sent déjà que le temps et son âge lui pèsent.

J’ai été très touchée par ce roman. Les personnages sont d’emblée présentés comme superficiels et scandaleux. Elle, parce que c’est une courtisane, qui a enchaîné les amants et qui s’offre maintenant le luxe d’entretenir un gigolo de la moitié de son âge. Lui, parce qu’il est puéril, matérialiste, insouciant et très agaçant. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au coeur lorsque Léa se voit obligée de renoncer à l’homme qu’elle aime par raison et surtout de n’en laisser rien paraître puisque officiellement, lui aussi n’était qu’un caprice qu’une femme mure et riche pouvait s’offrir. On la sent terrifiée de vieillir, désespérée de la moindre ride, dégoûtée devant ces femmes plus vieilles qu’elles qui prennent des amants plus jeunes encore et dont le couple ne lui inspire que de l’horreur. Chéri, lui, reste un personnage assez détestable, notamment avec son épouse et pourtant là encore, on ne peut s’empêcher de compatir à une véritable passion compromise pour des raisons de bienséance, de convention. Séparés, les amants semblent pourtant revenir l’un vers l’autre inévitablement. Chéri marié, Léa dépérit. Léa partie, Chéri se languit. La fin est d’autant plus touchante qu’elle joue avec la magie de l’amour et la prise de conscience d’une réalité et d’une société bien peu clémentes avec ce genre d’idylle.

La note de Mélu:

Un roman touchant et amer.

25 /  52

Comments

[Mélusine]

@ Anne Sophie: il est assez rapide à lire, en plus.



@ Lili Galipette: Je n'en ai pas lu beaucoup, d'elle. Il faut que je me penche sur les "Claudine".



@ Stella: par détestable, je veux dire qu'il agit en enfant gâté, même sur la longueur. Quant au fait que personne ne lui demande son avis, il ne cherche pas non plus à échapper au mariage. Mais comme je le disais, il se conduit comme un être qu'on pourrait trouver détestable (il lui en fait voir, à sa femme, quand même!), et pourtant je le trouve très touchant.

[Stella]

Je ne suis pas vraiment d'accord sur le caractère de Chéri. Je ne l'ai pas trouvé détestable, juste jeune et impétueux. Et finalement dans la suite de Chéri (La fin de Chéri) on voit que c'est lui qui a le plus souffert de cette séparation.Dans ce roman il semble être une norme d'envoyer des gamins vers des courtisanes pour leur apprendre "les choses de la vie" et ensuite de les reprendre et les marier à une jeune fille prude de leur rang. Même Léa ne pense pas à la souffrance "psychologique" qu'endure Fred. A 15 ans il est pris en charge par Léa, formaté par elle, il connait avec elle l'amour que sa mère ne lui a jamais donné, il trouve enfin sa place dans un monde qui l'effrai, et un jour on lui arrache tout. Personne ne lui demande son avis ou son ressenti. Léa même, celle qu'il aime, ne se bat pas pour eux ; elle l'abandonne.

Le côté antipathique vient, je pense, de l'écriture de Colette qui est très sèche et va aux faits sans détour et sans psychologie.

[Lili Galipette]

En voilà un de Colette que je n'ai pas lu, mais je le note.

[Christine]

Il ne m'a l'air pas mal du tout. Je note