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Ma bouquinerie
20 novembre 2011

Dimanche au musée n°76: Gustave Courbet

Cette semaine, rencontre avec un provocateur: Gustave Courbet (1819-1877) a récemment eu un coup de projecteur pour la censure de son tableau L'Origine du Monde sur Facebook. J'ai choisi de vous parler d'un autre tableau: Le Sommeil:

le_sommeil_courbet

J'ai voulu parler de ce tableau parce qu'il orne la couverture de mon exemplaire des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Ce tableau représente deux femmes nues et enlacées, sur un lit. Le sommeil? Mouais, il ne faut pas chercher bien loin pour voir que monsieur Courbet a voulu mettre en scène des amours féminines... D'abord dans la position des deux femmes: cette jambe qui passe par-dessus sa compagne, retenue par une main alanguie, est sans équivoque. En cela, Courbet jette en pleine lumière une relation taboue et scandaleuse, avec le plus grand abandon et la plus grande innocence qui est celle du sommeil: ces femmes sont livrées en pâture au regard du spectateur, et si on devine qu'elles ne sont pas innocentes, force est de constater qu'elle ne font rien de mal à part dormir...
Mais en regardant de plus près, il n'y a que cela d'innocent. Les perles arrachées, le peigne abandonné sur le drap laisse supposer des précédents plutôt agités, un attirail d'intimité plutôt troublant. Même la couleur des draps semble choisi à dessein: si elles avaient été couvertes, seul l'oreiller blanc virginal aurait été visible. Mais ici, on nous révèle ce que cache la couverture, ce dégradé de rose plus que charnel, qui va même jusqu'au rouge sous la main d'une des femmes. Ce revers de la couverture, d'ailleurs, attire l'oeil, comme si la main entrouvrait volontairement un espace rouge et intime qui rappelle étrangement le sexe féminin. Tout un symbole... ou une invitation?
Car devant ces femmes offertes et inconsciente, le spectateur est littéralement placé en position de voyeur. Elles ne sont d'ailleurs pas choisies n'importe comment: une blonde et une brune, il y en a pour tous les goûts, et c'est tout un fantasme masculin que Courbet a soigneusement mis en scène. Leurs formes, loin d'être idéalisées, sont d'ailleurs représentées avec un grand réalisme, avec des hanches larges et un aspect moelleux. Pas étonnant, alors, que ce tableau fasse l'objet d'une commande de Kalil Bey, un diplomate ottoman qui avait déjà commandé L'Origine du Monde.

Qu'en pensez-vous?

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Commentaires
L
Ah, que j'aime Courbet et ses beautés sans tabous ! :)
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