Dimanche au musée n°67: Antoni Gaudi
Cette semaine, le musée est en plein air, puisque je vais vous parler d'un architecte. Antoni Gaudi (1852-1926) est un catalan qui a particullièrement marqué le visage de Barcelone. Dans les années 1900, un projet naît entre Gaudi et son mécène Eusebi Güell de construire une véritable ville sur une des collines au sud de Barcelone, avec chapelle, maisons, la totale. Mais pour des raisons financières essentiellement, il n'en sera réalisé que deux maisons et le parc, aménagé d'escaliers sinueux, de bancs et de fontaines. Il est classé au patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO, et effectivement, même si je n'y suis allée que deux fois, j'en garde un souvenir très vif, notamment de cette fontaine dragon ou salamandre:
Entouré d'escalier, cette fontaine a cela de sympathique que l'on peut tourner autour, et je vous assure que l'on ne s'en prive pas. La tête en bas, le dragon semble se précipiter sur les visiteurs qui arrivent dans le parc. C'est une figure de proue, un portier. Les escaliers eux-mêmes sont tout en rondeur, en pierre blanche, ce qui met en valeur les couleurs vives de la fontaine. Il crée une ligne colorée qui se détache très nettement pour guider le regard et les pas du visiteur vers les bâtiments et vers le coeur du parc:
Car osons le dire, ce qui saute aux yeux, c'est cette chatoyante mosaïque de bleus et de jaunes qui recouvre ce dragon:
Et là, j'adule... Parce qu'il serait trop facile de dire que cette mosaïque mime les écailles pour souligner le côté reptilien du modèle, même si inévitablement ils y font penser. J'irai plus loin: pour moi, on transforme littéralement les écailles du reptile en petits bijoux, d'une façon très dandy, qui pousse à dire que rien n'est si beau dans la nature que lorsqu'elle est soulignée par l'artifice. D'ailleurs, les couleurs choisis sont anti-naturelles, particulièrement pour un dragon, à savoir un animal censé cracher le feu, qui en devient ici un animal aquatique, orné de vaguelettes, qui laisse doucement s'écouler un filet d'eau de sa gueule: une créature amphibie qui rassemble les contraires. Et puis avouons-le, il n'a rien d'effrayant ce dragon, avec sa jolie tête bien ronde, ses grosses papattes, ses dents cassées et sa vague sur le dos: c'est une créature qui a une tête profondément sympathique, non?
D'autre part, la mosaïque qui s'étale sur son dos en fait une oeuvre d'art à elle-même, un jeu de couleurs et de décor qui fait de l'animal un prétexte, une toile à décorer, de manière très ludique d'ailleurs puisqu'on imagine bien le petit jeu d'assemblage des touches de couleurs, et qu'on a même envie de tendre la main pour en toucher les détails comme les petites protubérance rondes:
A la fois décor, oeuvre d'art, fontaine, élément de structuration du parc et véritable animation, ce petit dragon reste un symbole de Barcelone et une des images les plus célèbres de Gaudi.
Qu'en pensez-vous?
Source des images: Wikimedia Commons