Lectrice buissonnière... qui se demande ce que font les policiers
Si vous regardez un peu mes différentes rencontres avec le genre, vous le verrez: je n'aime pas les romans policiers. Je ne saurais dire pourquoi: avec un polar dans les mains, je m'ennuie. Ce qui m'intrigue, c'est que c'est un des genres les plus populaires, les plus lus. Alors je m'interroge... Suis-je normale? Parce qu'en plus d'être populaire en livre, c'est assez incroyable le nombre de personnage du petit écran issus de romans, en faisant des personnages deux fois plus populaires! Mais que fait la police!!!
J'ai donc entrepris, il y a quelques temps, de faire le point, à savoir si mon manque d'intérêt venait vraiment du genre, des auteurs, ou si j'étais irrémédiablement foutue. Et pour y voir plus clair, j'ai décidé de viser les policiers célèbres de la télévision issus de romans, ceux qui ont fait leur preuve, quoi! Et j'ai été surprise, parce qu'il y en a à la pelle!
Evidemment, je savais bien que Jeremy Brett n'avait pas inventé le personnage de Sherlock Holmes entre 1984 et 1994 comme on peut le supposer devant les multiples rediffusions du dimanche après-midi.
Jeremy Brett et David Burke (Docteur Watson)
Au vu de mon avis enthousiaste au sujet du Chien des Baskerville de Sir Arthur Conan Doyle, j'en ai déduit que j'étais plus attirée par les policiers classiques, à l'ancienne, façon XIXième siècle. D'ailleurs, j'avais adhéré, plus jeune, à Agatha Christie bien avant que la TNT ne repasse en boucle les films avec Peter Utinov ou la série avec la légendaire moustache de David Suchet, immortalisant le visage d'Hercule Poirot, créé en 1917.
Peter Ustinov et David Suchet
"Belge, cher ami, belge..."
Suis-je irrémédiablement classique? Suis-je donc une intello irrécupérable? Ce n'est pas mon excellente critique d'Arsène Lupin dans L'Aiguille creuse, personnage signé Maurice Leblanc en 1909, ni celle de Belphégor, issu de la plume d'Arthur Bernède en 1927, deux romans fleurant bon le début du siècle, qui viendront rattraper mon cas...
Alors j'ai sélectionné trois monument (suivant mes critères, hein...)
D'abord, un certain commissaire Maigret, régulièrement reprogrammé sur France 2. Une chance que je n'ai jamais vraiment regardé ces films, sans quoi il aurait été difficile de voir en maigret un autre visage que celui de Jean Gabin, Jean Richard ou plus récemment, Bruno Crémer
Jean Gabin, Jean Richard, Bruno Crémer
Cela m'aurait probablement empêché de me concentrer sur le personnage créé par le romancier belge Georges Simenon dans les années 1930. J'ai donc emprunté une belle anthologie, sobrement intitulée "Tout Simenon" à la bibliothèque, et j'y ai sélectionné un petit roman au titre provocateur:
Maigret et son mort
Tout commençait pourtant bien: un inspecteur placide et attachant, un brin cynique ce qui permet une bonne dose d'humour et une intrigue... intrigante justement. Un homme ne cesse d'appeler Maigret depuis différents cafés de la ville, se prétendant suivi et menacé de mort, et donc forcé de couper la conversation pour la reprendre depuis un autre téléphone public. Soupçonnant qu'il ne s'agit pas là d'un simple illuminé, Maigret envoie ses hommes en ville, mais le corps de l'homme retrouvé le soir même place de la Concorde pousse Maigret à prendre cette affaire de manière très personnelle. Hélas, dès que l'enquête commence, on se perd en circonvolution et en personnages tous plus louches et plus semblables les uns aux autres, exactement ce que je reproche aux romans policiers qui fonctionnent davantage sur des psychologies torturées que sur un réel talent et une véritable ingéniosité de l'enquêteur.
Simenon fut donc un échec...
Deuxième monument, lui aussi indissociable du visage du charismatique Guy Marchand: Nestor Burma.
"Quand toute la ville dooooort, Nestoooooor va mettre son nez dehooooors" (chanson du générique de fin de "Nestor Burma")
Et si Guy Marchand a bien marqué le personnage, il a en réalité été créé par Léo Malet en 1942, plus précisément dans
120, rue de la gare
Savoureux, bourré d'humour, sans la moindre gêne, flegmatique et direct, le personnage de Nestor Burma tient le livre à lui tout seul. Il n'hésite pas à suivre des fausses pistes complètement abracadabrante de manière consciente, à faire suivre sa propre secrétaire pour rien, tout ça pour faire les choses à sa façon. Et ça marche! Bagarres, rebondissements, jolies filles, cet excès doucement provocateur m'a beaucoup plu et j'ai adoré suivre les remue-méninges de l'inspecteur qui se creuse la tête pour savoir où se situe ce fichu 120, rue de la gare qui n'existe jamais! Burma, je valide donc, y compris l'étonnante fidélité de Guy Marchand et des téléfilms.
Y aurait-il de l'espoir?
Réponse très bientôt puisque j'ai attaqué un roman d'un autre personnage que l'on ne connaît que par sa bonne bouille sur le petit écran: frère Cadfael, incarné par Derek Jacobi.
Un moine-policier à la télé!
J'ai appris récemment que le personnage était issu d'une série de roman d'Ellis Peters, et comme il se trouve que mes parents en cachaient un ou deux dans leur bibliothèque...
Difficile pourtant d'imaginer pouvoir savourer des romans avec des personnages aussi marqués dans l'imaginaire. Oseriez-vous confronter un roman de Ian Fleming à ces James Bond-là:
Est-ce utile de présenter Sean, Roger et Pierce? (je boycotte volontairement le derier blondinet en date)
C'est pourtant ce romancier britannique qui créa en 1953 ce personnage pourtant tellement ancré dans le contexte de la guerre froide et dont la popularité ne s'est jamais démentie. Je ne sais pas si je me risquerai, le choc risque d'être difficile à encaisser...
Plus récemment, il y en a d'autres à découvrir, qui ont déjà mon adhésion en version télévisée comme par exemple celle-ci:
Emily Deschanel et David-sexy-Boreanaz (oui, j'ai regardé Buffy étant ado, et alors???) dans Bones
Ces personnages bien connus des téléspectateurs de M6 sont nés sous la plume de la romancière Kathy Reichs qui a consacré à l'anthropologue judiciaire Temperance Brennan une quinzaine de romans.
Ou encore celui-là:
Michael C. Hall dans la série Dexter
La série a été inspirée du roman de Jeff Lindsay, Ce cher Dexter, sorti assez récemment, dans les années 2000.
Comme quoi, on en apprend tous les jours. J'ai même eu la surprise de découvrir qu'une des séries policières préférées des français devait son scénario original à un roman, à savoir... (roulement de tambour)... Julie Lescaut. Si, si, un roman d'Alexis Lecaye, publié en 1992, très vite adapté pour TF1 par le même Alexis Lecaye. La preuve par Amazon! Vous imaginez-vous lire Julie Lescaut comme un bon vieux roman ou sera-t-elle toujours poursuivi par l'ombre de ...
D'autres noms que vous avez déjà dû entendre, comme Nicolas Le Floch, devront passer entre mes mains d'ici peu... Mais pour l'heure, Mélu et le polar, c'est encore un piège en eaux troubles.