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Ma bouquinerie
28 juin 2011

La mort est mon métier

la_mort_est_mon_m_tierL'auteur: Robert Merle (1908-2004) est un écrivain français né en Algérie. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il est agent de liaison avec les forces britanniques.

Le livre:en 1913, Rudolf Lang a treize ans et vit avec ses parents et ses deux soeurs. Son père est un militaire extrêmement rigide qui éduque ses enfants dans une foi catholique bien trop rigoureuse. Il destine d'ailleurs Rudolf à devenir prêtre pour expier un péché que lui-même aurait commis autrefois, en France. Ayant perdu la foi et son père qui meurt peu avant la déclaration de la Première Guerre Mondiale, Rudolf cherche à s'engager mais est renvoyé car trop jeune. Il rencontre finalement à l'hopital militaire un dragon de cavalerie qui parvient à le faire partir sur le front, en Turquie. Servir l'Allemagne, obéir et ne pas réfléchir, voilà ce que devient Rudolf. Aussi lorsqu'il rentre de la guerre, qu'il est au chômage, que sa propre famille ne le reconnaît plus, c'est vers le parti nazi qu'il se tourne. Remarqué très vite pour son efficacité, on lui confie la direction du nouveau camp de concentration installé au village d'Auschwitz. Sa mission: trouver le moyen d'augmenter son rendement. En d'autres termes, exterminer un maximum de Juif en un minimum de temps. Avec tous les problèmes logistiques que cela comporte.

Avec ce résumé, j'ai quasiment raconté tout le livre. Mais commençons par le commencement: ce livre est la biographie romancée de Rudolf Hoss, le véritable directeur d'Auschwitz. La première partie (l'enfance de Rudolf) a été romancée, et s'attache à démontrer, petit à petit, comment cet homme privé de figure parternelle protectrice et condamné à l'obéissance aveugle et absurde, devient peu à peu le parfait nazi. Admiratif devant les militaires fortes, inébranlable devant la consigne qu'on lui donne et qui sont sa seule raison de vivre, isolé et incompris, le personnage est disséqué et la narration à la première personne cherche à nous faire rentrer dans le cerveau d'un SS. L'objectif est bien clair et commun: comprendre comment l'horreur des camps a pu être commise et acceptée par les hommes. Ce thème inépuisable et pétri de questions qui ne sont pas encore résolu m'avait passionné dans Le Liseur de Bernhard Schlink. Malheureusement, cette écriture analytique m'a semblé terriblement monocorde. Je me suis profondément ennuyé dans ces chapitres qui semblent regarder passer le temps tout comme le personnage regarde passer le monde et obéit aux ordres sans se poser de question.

La seconde partie est plus intéressante: dès que Rudolf se voit confier la mise en place du camp d'extermination, le roman prend son rythme de croisière. Visiter le camp de Treblinka, observer son fonctionner, apprendre de leurs erreurs. La minutie, l'organisation et l'intelligence avec lesquelles Rudolf procède font froid dans le dos: il cherche quel gaz utiliser, pour dépenser moins et tuer plus vite, il organise la destruction des corps pour gagner de la place, il met en scène l'arrivée des Juifs pour éviter les crises de panique et économiser du temps. La froideur avec laquelle il opère est soigneusement montrée elle aussi. Mais toujours, les événements extérieurs qui ne sont pas des ordres ou des consignes glissent sur lui, et l'on a du mal à comprendre ce qui se passe exactement, quand Hitler tombe par exemple, quand les alliés se rapprochent, ou quand Rudolf est arrêté. Ce qui prime, c'est sa fascinante incapacité à penser par lui-même, à prendre une décision ou à donner une opinion.

La note de Mélu:

Note_3

Un sujet fascinant et essentiel mais un mode de narration qui n'a pas su m'embarquer.

Les avis de Mazel, Neph.

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Commentaires
A
J'ai lu un livre de Robert Merle, j'avais beaucoup aimé son style. Je pense lire celui-ci à cause du sujet. Ça m'intéresse, même si c'est une période terrible de l'histoire.
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A
J'ai lu un livre de Robert Merle, j'avais beaucoup aimé son style. Je pense lire celui-ci à cause du sujet. Ça m'intéresse, même si c'est une période terrible de l'histoire.
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D
Je me retrouve bien dans ce que tu dis de ce livre qui m'avait troublée : comment peut-on regarer les choses se faire sans réagir ? Une lecture essentielle même si elle n'a pas le don de nous embarquer.
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C
Je ne sais pas trop si je vais me laisser tenter par ce livre même si je suis intéressée par ce qui s'est passé pendant la seconde guerre mondiale
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L
Ah souvenir ! Je l'avais étudié en lecture croisée pour le bac de littérature, avec 'Si c'est un homme' de Primo Levi. J'avais vraiment apprécié ce livre.
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