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Ma bouquinerie
19 juin 2011

Dimanche au musée n°54 : Giorgio di Chirico

Retour cette semaine à mes premières amours: le surréalisme, ou en tout cas un courant qui lui est apparenté. Giorgio di Chirico (1888-1978) est un peintre italien né en Grèce. Très jeune, il produit des tableaux mystérieux, dont les titres reprennent souvent le mot "énigme". Il crée son propre mouvement de peinture, la peinture métaphysique. Pour l'illustrer, voici Ariane.

chirico_ariane

Issue de la série des Méditations, ce tableau tient son titre de la figure allongée, dont je vous reparlerai plus loin. Un paysage d'une étonnante immobilité. Une grande arène uniquement occupée par cette femme allongée, qui ressemble largement à une statue à l'antique. A droite, des arches ouvertes vers un espace obstrué par l'obscurité, alors même que la lumière vient de derrière ce mur ouvert et pourtant si opaque. L'ombre mange peu à peu l'espace et elle semble sur le point d'atteindre le corps allongé, sans pour autant compromettre l'immobilité: l'ombe, on ne la voit jamais bouger. Au loin, une construction futuriste et indéfinissable. Silencieux, immobile, ce paysage relève d'une facture très classique: un personnage mis en scène dans un paysage représenté par quelques élémets architecturaux. Sauf que ces monuments sont difficilement identifiables, ne remplissent aucune fonction et ne font qu'isoler davantage le paysage. Sans jamais nous paraître complètemnt étranger, ce paysage est pourtant impossible à reconnaître et malmène notre raison. Même les personnages sont dénués de toute vie et l'Ariane annoncée n'est qu'une statue, une oeuvre d'art froide et glaciale, placée ici sans aucune autre raison que de meubler de vide un paysage déjà minime. Car on peut reconnaitre dans cette silhouette l'Ariane endormie du Primatice , représentant la princesse abandonnée sur une île déserte par Thésée.

ariane_endormi___le_primaticeUne référence ouverte à un bronze bien massif qui vient renforcer l'idée d'un simulacre de présence humaine, tout en rappelant l'idée que l'endroit où Ariane s'endort est justement celui où aucune vie ne se manifeste. Personnage labyrinthique, Ariane est un symbole à elle toute seule, celui de l'homme perdu, isolé, sans réponse et qui ici n'a aucun fil puisque aucune direction à prendre.

Qu'en pensez-vous?

 

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Commentaires
L
Héhé, dommage pour le train alors ! Et les deux silhouettes au fond ?<br /> <br /> De manière générale, Chirico me fait flipper...
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M
Effectivement, je ne savais pas quoi en faire de ce train, il ne me revient pas... Certes, ça bouge, mais comme s'il n'était pas dans la scène, tu vois?<br /> Très flippante, oui. J'ai vu à Grenoble l'exposition sur la metafisica consacrée à Chirico. Ses personnages sont souvent des espèces de mannequins sans visage, c'est assez angoissant...
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L
Tu ne trouves pas que le train en arrière-plan donne une certaine idée de mouvement, avec son panache de fumée emporté par le vent ?<br /> <br /> Un peu flippante cette œuvre...
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