Les Dieux ont soif
L'auteur: Anatole France (1844-1924) est un écrivain français très engagé, élu à l'Académie Française en 1896. Il a notamment collaboré à la création du journal L'Humanité. Il est lauréat du Prix Nobel de Littérature en 1921.
Le livre: Dans le Paris de 1793, la grande Terreur qui a fait suite à la Révolution commence. Certes la famille royale est en prison, mais la famine sévit dans la capitale et la commission révolutionnaire envoie de plus en plus de gens en prison, et même les premiers meneurs comme Danton et Desmoulins sont devenus suspect et sont passés sur la guillotine. Evariste Gamelin, un jeune peintre dont les affaires ne marchent plus très bien, reste néanmoins fidèle de Marat et Robespierre, jacobin convaincu. Nommé juré au tribunal révolutionnaire, il prend alors son rôle très au sérieux. Et même lorsque ce tribunal se durcit, exécute jusqu'à cent personne par jour et subit les invectives d'une foule lassée et terrifiée, Evariste ne lâche rien.
Ce roman est difficile à commencer: la langue d'Anatole France est riche et subtile, et il s'adresse à un public sinon érudit, du moins attentif, capable de repérer les références historiques, littéraires et philosophiques qui truffent le roman. Ces références ne sont pas essentielles pour suivre l'histoire mais peuvent décourager certains. Passé cette barrière du style, l'histoire est plus que prenante: au moment où le monde que nous connaissons est en train d'émerger, tout s'emballe et ce qui devait être un élan de liberté se transforme en une folie meurtrière aveugle. Personne n'est à l'abri, n'importe qui peut être convaincu de haute trahison et guillotiné dans la foulée. Et le pire, c'est que ces meurtriers fascinent autant qu'ils terrorisent, ainsi que l'incarne Elodie Blaise, la maîtresse d'Evariste, à la fois inquiétée et irrésistiblement attirée par un homme inflexible, un petit Robespierre dont l'éloquence passionnée n'égale que la droiture incorruptible.
J'ai dévoré toute la deuxième partie sans pouvoir m'arrêter. Un beau rappel sur notre propre société, construite dans son propre sang et incapable du moindre recul sur elle-même.
La Note de Mélu:
Cette lecture a été faite en commun avec Anne-Sophie. Allez retrouver son avis.
Challenge Nobel 1/3