Dimanche au musée n°12: Georges De la Tour
Cette semaine, retour dans des choses très classiques avec George de La Tour (1593-1652). Peintre français issu d'une famille de boulangers, il semble cumuler les influences italiennes, françaises et hollandaises. S'il s'est illustré dans les sujets religieux, il se prête volontiers aux thèmes de la vie quotidienne, tels Le Tricheur à l'as de carreau (cliquez sur l'image pour agrandir)
Enfin vie quotidienne, il faut le dire vite. Commençons par le simple: quatre personnage autour d'une table, visiblement plongés dans une partie de carte, exceptée peut-être la servante qui verse le vin. Le titre nous invite à chercher le tricheur: il est évidemment sur la gauche, tirant un as de carreau de sa ceinture. Facile à identifier. Les autres le sont moins. Commençons par cette femme en pleine lumière, en plein milieu. Son regard n'est pas franc, d'autant moins qu'elle regarde une personne (la servante) et en désigne une autre (le tricheur). Elle n'est pas nette, cette dame, et pour cause: c'est une courtisane, couverte de perles (collier, boucles d'oreilles, bracelets aux deux poignets) et au décolleté plongeant. Quant au jeune homme sur la droite, quel âge a-t-il à votre avis? Quinze, seize ans? Il a encore un visage de bébé! Il semble par contre très richement vêtu... Et oui, le dindon de la farce c'est lui! Il est le seul à être exclu du jeu des regards qui part de la courtisane, qui regarde la servante, qui regarde le tricheur, qui nous regarde nous, spectateur, complice de cette comédie. Le jeu des clair-obscur s'applique à éclairer le visage poupin de la victime et le dos du tricheur, dont le visage reste dans l'ombre, pour bien faire comprendre qu'il s'agit d'un personnage faux. L'ombre de son bras s'étend même dangereusement vers l'innocente victime, soumis ici à trois tentation différente (le jeu d'argent, la femme et la boisson) qui causeront sa perte toutes les trois. Ah la la, quel cynisme...
Alors? Que pensez-vous de ce tricheur?