La nostalgie de l'ange
L'auteur: Alice Sebold (née en 1963) est une auteure américaine au passé trouble, puisqu'elle a connu une agression, un viol, la drogue et une vie très précaire avant de faire publier des romans basés sur son expérience personnelle.
Le livre: Susie Salmon, quatorze ans, est violée et assassinée par M. Harvey, un de ses voisins. Mais aucune indice n'est retrouvé, ni aucun corps, seulement son coude, tombé du sac dans lequel son assassin a transporté les morceau de son corps. C'est Susie elle-même, depuis le Paradis où elle se trouve désormais, qui raconte cette histoire. Les échecs de la police à retrouver son meurtrier. Le deuil impossible de sa famille. Elle voit tout, sa soeur qui grandit, sa mère qui s'éloigne, son père qui se renferme.
Je ne dois pas être normale, je n'ai pas été émue par cette histoire. Tout le monde a adoré ce livre, et moi je n'ai fait qu'attendre qu'on se mette enfin à enquêter pour de vrai sur le viol et le meurtre d'une fillette. Mais non, le sujet du livre, ce n'est pas ça. Le sujet du livre, c'est le deuil. Deuil que chacun fait à sa façon, que personne ne peut juger ni comprendre. Alors soit, c'est une épreuve terrible, mais je ne sais pas, je n'ai pas du tout accroché à cette psychothérapie permanente, je l'ai suivie sans y entrer. J'ai beaucoup aimé l'écriture, le ton à la fois imagée, poétique et très précis, voire cruel. J'aime particulièrement l'image utilisée par Susie, expliquant que la tâche sombre sur le sol de la cave de son meurtrier, c'est elle, c'est elle aussi qui tâche ses vêtements, qui s'infiltre dans le sac de toile, qui s'écoule dans les tuyaux d'évacuation de la machine à laver. J'ai aimé les soupçons d'un père, les confrontations de la famille avec le voisin, persuadés qu'il est coupable et incapables de le prouver. Par contre, j'ai trouvé tout à fait ridicule tous les abus de fantastique pseudo-mystique, cette histoire de Paradis personnel, où on peut avoir ce que l'on veut en y pensant très fort, et où il y a même une hôtesse d'accueil à l'entrée (Saint-Pierre n'a plus la cote, elle s'appelle Frannie). Ça a tout gâché. Je ne dois pas être sensible au surnaturel religieux, et la grande scène de pseudo-réincarnation finale n'a rien arrangé!
Avis mitigé donc: d'accord le sujet a de quoi bouleverser, mais j'ai trouvé dommage que l'intrigue policière soit tellement bien préparée et complètement abandonnée (le flic n'est là que pour jouer l'amant d'un soir), ça aurait donné un peu de souffle et de contrepoint au trop-plein de psycho-sentiments.
Et pour des avis plus enthousiastes, voici un échantillon de la blogosphère: Liliba parle d'un "livre poignant", Neph a été émue malgré "quelques longueurs", et Allie salue "un merveilleux livre d'émotion" qui fut visiblement un coup de cœur.
Même pas envie de voir le film, tiens.
Titre original: The Lovely Bones (traduit de l'anglais).