Icare
Les auteurs: Moebius, pseudonyme de Jean Giraud (né en 1938) est un dessinateur et scénariste de bande-dessinée français qui a fait ses preuves: on lui doit notamment de nombreux épisodes de Blueberry, une aventure du Surfer d’Argent sur un scénario de Stan Lee, la série Little Nemo, le dernier tome de XIII, j’en passe et des meilleurs. Quand à Jirô Taniguchi, je vous en ai déjà parlé: mangaka japonais, auteur de Quartier Lointain.
Le livre: Dans un monde futuriste, des hommes qui ont la faculté de se faire auto-exploser organisent des attaques terroristes dans des lieux publics. Non loin de là, une femme donne naissance à un enfant qui n’a rien de commun avec les autres. En effet, à peine sorti du ventre de sa mère, l’enfant s’élève et plane doucement: il vole. Le gouvernement et les autorités scientifiques réagissent immédiatement: enlevé à sa mère, présenté aux dirigeants politique, l’enfant, baptisé Icare, est élevé pendant vingt ans à l’abri de tout, à l’écart du monde. Docile, il se prête à toutes les expériences que l’on veut faire sur lui, du moment qu’il peut voir Yukiko, une jeune scientifique associée au projet, et à qui il est profondément attaché. Et bientôt, Icare ne supporte plus d’être enfermé.
Le concept de base est fascinant: le jeune homme, élevé dans l’idée qu’il ne devait pas sortir du laboratoire sous peine de ne pas pouvoir survivre, se soumet à toutes les expériences mais reste un mystère pour les scientifiques qui aimeraient bien le disséquer vivant si cela ne les exposait pas au risque de perdre leur unique spécimen d’homme volant. Une réflexion sur l’humanité est sous-jacente à ce personnage, que le gouvernement garde secret dans l’espoir d’en faire un instrument en leur faveur dans ce contexte politique visiblement troublé: il est une prouesse de la nature, là où l’homme n’a créé que ces humain-éprouvettes qui finissent par se faire exploser pour causer du dégâts et que l’on n’arrête pas d’appeler des ratés. J’ai été touchée par la relation entre Yukiko et Icare: Yukiko est la seule à traiter Icare comme un être humain et c’est la seule qu’il voudra écouter. Les dessins de Taniguchi sont absolument saisissants: son trait est pur et d’un grand réalisme. Néanmoins, j’ai l’impression d’un album non abouti: des informations nous manquent pour que le tout soit cohérent (pourquoi Icare ne peut-il survivre sans son sérum? que sont les hommes-éprouvettes réellement) et d’autres ne nous servent à rien et ne sont pas exploitées (le général est un personnage profondément inutile). Un moment agréable de lecture, visuellement surtout, mais un scénario qui me laisse sur ma faim. Dommage.
Quelques images, quand même, pour apprécier le talent de Taniguchi: