Le dîner de cons

Pour une fois, je ne vous présente pas un livre, mais une représentation théâtrale. Vendredi soir, on jouait en effet au Zénith de Dijon la pièce Le dîner de cons de Francis Weber, interprétée ici par le duo comique Chevallier et Laspalès. C’est le parton de Mr Mélu qui nous invitait, je n’ai donc pas hésité!

Francis Weber (né en 1937) est dramaturge et réalisateur. Son registre se situe dans les situations burlesques et dans le théâtre de boulevard. On retrouve souvent dans ses films le duo entre le clown blanc et l’auguste, décliné sur différents duos d’acteurs qui le restituent à merveille (pensez à Pierre Richard/Gérard Depardieu dans Les Compères ou Thierry Lhermitte/Jacques Villeret dans l’adaptation cinéma de la pièce qui nous intéresse)

Le duo d’humoriste composé de Philippe Chevallier et Régis Laspalès se forme en 1981 (bientôt trente ans de carrière, chapeau!!!). Vous avez tous entendu un jour ou l’autre le timbre de voix si particulier de Laspalès sur des répliques comme “C’est vous qui voyez!”  (je pense particulièrement à mon papa en écrivant cela, tant nous avons pu la replacer dans des conversations). Je tiens à signaler aussi que Régis Laspalès a démontré une autre facette de son talent en jouant dans une adaptation télévisée de la nouvelle de Maupassant L’ami Joseph, loin du grotesque auquel il nous a habitué, et où il est magistral.

La pièce: rappelons l’intrigue. Pierre Brochant (Philippe Chevallier) a une coutume un peu particulière: tous les mardis, il se rend à un dîner organisé avec des amis, chacun ayant pour consigne d’inviter “un con”. Le dîner se passe à faire parler les différents invités afin de décerner la palme à celui qui aura apporté l’invité le plus stupide. Et ce mardi, justement, M. Brochant attend son invité, un certain François Pignon (Régis Laspalès), afin de l’emmener au fameux dîner. Mais un tour de rein le cloue dans son canapé, et le voilà bloqué chez lui en compagnie de M. Pignon et ses maquettes en allumettes.

Lorsque les deux acteurs principaux entrent sur scène, il y a quand même un temps d’adaptation. Trente ans de personnages de Régis et Laspalès poussés jusqu’à être des caricatures d’eux-mêmes (et c’est comme ça qu’on les aime) ne s’effacent pas facilement pour laisser la place aux personnages de Weber. On finit néanmoins par s’habituer. Le premier quart d’heure semble ainsi un peu figé, et puis tout se détend et on rentre dans l’histoire. Je dois quand même souligner que le duo de personnages colle parfaitement aux deux acteurs et qu’il n’est pas aisé de passer après Lhermitte et Villeret, vous en conviendrez. Le défi est relevé haut la main, et je salue tout particulièrement la performance de Laspalès, qui campe un François Pignon à la fois grotesque et tout en retenue. La scène se remplit de ses pitreries sans tomber dans l’excès gratuit, et tous les personnages qui l’entourent ne sont pas en reste: mention spéciale pour le contrôleur fiscal Lucien Cheval (Bernard Fructus) à la fois hilarant et inquiétant, porteur d’une délicieuse ironie dramatique, et pour le rival/ami Just Leblanc (Stéphane Bierry) qui a une présence remarquable pour un personnage finalement très secondaire.

Mr Mélu a trouvé cependant que la prestation de Chevallier était inégale, puisque son tour de rein semble revenir seulement lorsqu’il réapparaît dans le texte. Mais il est enthousiaste sur celle de Laspalès. Un excellent moment, donc, rendu encore plus précieux par les aléas du spectacle vivant, tels les bafouillements de certains acteurs et les cafouillages de la bande-son (le téléphone sonne, Brochant répond, le téléphone continue de sonner: “oui c’est bon, c’est bon, j’ai déjà répondu”). Loin de donner une impression d’amateurisme, ce genre de détails font, pour moi, tout le charme du théâtre. Merci à tous ceux qui permettent que ce genre de spectacle se fasse.

Comments

[Mélusine]

Chevallier et Laspalès sont vraiment bons.
Bonnes fêtes à toi aussi!

[fleurdusoleil]

Quelle belle sortie. Je n'ai malheureusement pas eu la chance de voir cette pièce. Par contre j'aime bien Chevallier et Laspales, et Le dîner de cons fait parti de mon top ten en cinéma.
Sur ce passe de bonnes fêtes...Bises