Le pavillon des enfants fous
L'auteur: Valérie Valère (1961-1982) est le pseudonyme de Valérie Samama issue d'une famille d'origine tunisienne. Enfant non désirée, hypersensible et désorientée, elle se sublimera dans l'art, notamment la littérature, la danse, les arts du spectacle et du cinéma avant de succomber à une crise cardiaque dans son sommeil à la suite d'une overdose médicamenteuse.
Le livre: A treize ans, Valérie Valère est internée au "pavillon des enfants fous" d'un grand hôpital parisien. Sa folie: refuser toute nourriture. Deux ans plus tard, une fois sortie, elle raconte son séjour. Ou plutôt ce qu'elle considère comme sa lente capitulation, elle qui avait fermement décidé de disparaître de la surface du monde. Les infirmières, les médecins, les psychiatres se succèdent. Elle doit obtenir ses droits au prix de chaque gramme pris: atteindre 31 kilos pour que la porte ne soit plus fermée à clé, 32 pour qu'on lui rende ses livres, 33 pour que ses parents soient autorisés à lui rendre visite. Parents qu'elle ne veut pas voir. On l'assaille de questions et d'hypothèses pour découvrir la cause de son mal. On lui fourre de force la nourriture dans la bouche.
J'arrête là: le témoignage est truffé de détails affreux sur les dérives de la psychiatrie. Preuve aussi que l'anorexie, si elle est devenu une des maladies les plus médiatisées aujourd'hui, était réduite à une déviance mentale en 1975. L'écriture est poignante, étouffante. Témoignage terrible sur le monde des malades mentaux, mais aussi sur le monde des adultes, et au premier plan ses parents, qui se servent d'elle du début à la fin pour exorciser leurs propres démons. Une lecture que je n'oublierai pas.