Le Voyage d'hiver
L'auteur: Amélie Nothomb (née en 1967) a déjà été présentée il y a quelques temps dans cet article-là. Approfondissons quand même un peu: cette auteure plus que prolixe compte aussi ses détracteurs, qui lui reprochent notamment sa célébrité, son image médiatique et sa production étonnamment importante (un roman par an, quand même...).
Le livre: Zoïle rencontre Astrolabe. Aucun doute possible: c'est la femme de sa vie. Mais Astrolabe consacre la sienne (de vie) à prendre soin d'Aliénor, une romancière atteinte d'une forme particulière d'autisme, dont elle est l'agent et l'aide permanente. Impossible pour Zoïle d'être seul avec la dame de ses pensées. Et c'est probablement cela qui explique pourquoi il s'apprête à détourner un avion pour le jeter sur la Tour Eiffel, ainsi qu'il le raconte dans ce cahier qu'il remplit en attendant l'heure de son vol.
Une très mauvaise première impression. D'abord, ce portrait de l'auteur sur la couverture: c'est vrai qu'elle est énervante, Amélie, à se mettre en scène sans arrêt. Ensuite, cette tendance à psychologiser tout le temps, partout et sur n'importe quoi. Et puis finalement, de bonnes surprises: une sacré dose d'autodérision lorsque le narrateur dit détester ces auteurs qui collent en gros plan leur photo sur la couverture de leurs livres. Et puis cette psychologie qui finalement mènent à de belles absurdités autant qu'à des grandes idées. Et puis toutes les dernières pages, qui racontent avec une tension savamment dosée, les derniers moments du terroriste avant de monter à bord, lui-même étant un avatar absurde des attentats du 11 septembre 2001. Donc finalement, même si on reste sur sa faim et sur ses attentes, même si il faut quand même admettre qu'elle n'a pas écrit grand-chose, ni en quantité ni en profondeur, il y a du bon dans ce roman. Qui, en mettant en scène un personnage de romancière si marginale, propose aussi une réflexion sur l'écriture autant que sur l'amour.