Dom Juan
L'auteur: Molière (1622-1673) est le pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin. Fils du tapissier du roi, il monte sa troupe de théâtre et connaît un tel succès en province qu'il finira par jouer à la cour, devant Louis XIV lui-même.
Le livre: Dom Juan est un homme terrifiant: libertin, impie, blasphémateur, il méprise ses créanciers, ment à sa famille, séduit les femmes pour les jeter après usage. Il vient justement d'enlever Dona Elvire à son couvent pour l'épouser mais déjà, il a pour projet de l'abandonner et d'épouser d'autres femmes. Mais celle-ci lui envoie ses deux frères avec mission de la venger. Mais malgré les avertissements de son entourage, Don Juan revendique sa liberté et sa volonté de ne pas croire au châtiment divin qui le guette.
Avec ce résumé, je voulais suggérer une impression qui m'a suivie pendant toute la lecture: où est la comédie là-dedans?
Le personnage de Don Juan crée avec le spectateur une véritable connivence lorsqu'il se joue des femmes et vit de plaisir, mais son incrédulité devant les lois morales et divines amène vite à rire jaune. Le spectre et la statue vivante, à forte valeur symboliques, poussent le libertin dans ses derniers retranchements: grossiers artifices de la manifestation divine, ils se trouvent mis en échec de manière grotesque. Mais à aucun moment l'on ne rit franchement et le travail de mise en scène doit être particulièrement intéressant. Replacé dans son contexte, la pièce avait de quoi faire scandale. Aujourd'hui, dans notre société matérialiste et cartésienne, les mots de Don Juan peuvent encore être exploités à l'infini. "Je crois que deux et deux font quatre", dit-il, et Sganarelle répond: "Votre religion est donc l'arithmétique?" Ne riez pas trop vite: l'esprit rationnel n'est-il pas la religion de beaucoup de gens? Sujet épineux et inépuisable...