Lullaby
L’auteur : J’ai déjà présenté Jean-Marie Gustave Le Clézio dans un autre article, aussi je vous y renvoie.
Le livre : Un
matin du mois d’octobre, Lullaby décide de ne plus aller à l’école. Elle glisse
quelques objets dans son sac, écrit une lettre à son père et prend la direction
de la plage. Seule, sur les rochers, le long du chemin des contrebandiers, elle
goûte à l’ivresse et la liberté. Seule ? Pas vraiment. Son chemin est
jalonné de rencontres : un petit garçon pêcheur, une étrange maison
grecque, la voix de son professeur de mathématique. Et les lettres qu’elle
écrit à son père, toujours. Pourtant, un jour, il lui faut revenir à l’école.
Oui, mais qui la croira ? Certainement pas la sévère directrice.
Ah, Le Clézio.
Plusieurs choses m’ont marqué dans cette nouvelle. D’abord, la mer. Le Clézio
m’a réconcilié avec la description. La mer qui brille, étincelle, les rochers
blancs, l’écume qui mousse. Cette connexion avec la nature, cette justesse dans
le ton me fascinera toujours chez lui. Et le rêve. Le trajet de Lullaby est
léger comme une bulle d’écume, ses lettres sont insouciantes et chaudes. Et
pourtant, cette jeune fille aérienne, on la devine dans une situation étrange,
seule chez elle, son père en voyage, sa mère malade, et les inquiétudes formulées
par la directrice à son sujet ont quelque chose d’alarmant. Mais Lullaby, elle,
rien ne l’alarme. Elle a quelque chose d’artiste, à vouloir remplir les blancs
entre les mots dans ses lettres, les tacher d’eau de mer, mettre du sable dans
l’enveloppe, puis finalement les brûler pour voir le papier bleu se torde dans
la fumée ; à vouloir calculer l’angle de réfraction du soleil sur la mer ;
à étudier la manière de sauter d’un rocher sur l’autre ; à s’émerveiller
de la mélodie d’un nom grec.
Une parenthèse de
rêve, à ranger auprès du Petit Prince.