Alcools
L’auteur : Guillaume Apollinaire (1880-1918) est d’origine polonais, naturalisé français, né à Rome. Il revendique les avant-gardes littéraires et artistiques, tels le cubisme, le futurisme, le surréalisme. Il est connu notamment pour Le Pont Mirabeau, plusieurs fois mis en musique, et pour ses calligrammes.
Le livre : Une vraie mine pour les dissertations sur la poésie moderne, mais ce n’est pas le lieu ici. La première section du recueil, Zone, annonce la couleur d’une poésie qui met en scène la rapidité d’une vie moderne aux couleurs de bitumes et de machines bruyantes. Formellement, le recueil affiche une extraordinaire variété. Apollinaire connaît toutes les formes traditionnelles de la poésie, comme le sonnet et l’élégie, et s’amuse à les transformer, s’en détacher, les faire bégayer ou les suivre scrupuleusement. On y retrouve de nombreux thèmes poétiques décadents et traditionnels, tels les danses macabres, ou encore Salomé (le thème de la danse est d’ailleurs récurrent) mais aussi des mythes et du folklore allemand et rhénan auxquels Apollinaire est particulièrement attaché.
Comme d’habitude, il est difficile de parler de poésie avec justesse, puisque la poésie ne s’explique pas. J’ai aimé ce mélange entre modernité (la Tour Eiffel fait une apparition dans Zone) et un classicisme rigoureux, voire un romantisme à la Wagner.
Et puis moi, les poètes décadents et révoltés, j’adhère…
Afin d’illustrer ce qui m’a plu dans ce recueil, voici la première et la dernière strophe de Salomé :
Pour que sourie encore une fois Jean-Baptiste
Sire je danserais mieux que les séraphins
Ma mère dites-moi pourquoi vous êtes triste
En robe de comtesse à côté du Dauphin
[…]
Sire marchez devant trabants marchez derrière
Nous creuserons un trou et l’y enterrerons
Nous planterons des fleurs et danserons en rond
Jusqu’à l’heure où j’aurai perdu ma jarretière
Le roi sa tabatière
L’infante son rosaire
Le curé son bréviaire